Blue Rodeo repasse par Montréal dans le cadre de la tournée soulignant les 25 ans de l'un des plus grands groupes rock canadiens. Bonne nouvelle, le chanteur, guitariste et auteur-compositeur Greg Keelor peut désormais participer pleinement aux concerts de Blue Rodeo malgré ses problèmes auditifs.

« C'est Grégoire », dit une voix immédiatement reconnaissable au bout du fil. Grégoire comme dans Greg Keelor, qui a grandi à Montréal avant de déménager en Ontario où il devait faire la connaissance de Jim Cuddy, son grand complice de Blue Rodeo.

Pour souligner ses 25 ans de carrière, le groupe torontois a lancé à l'automne un coffret de ses cinq premiers albums remastérisés et enrichis de retailles de studio accumulées de 1987 à 1993. Puis le 3 janvier dernier, Keelor, Cuddy et compagnie ont entrepris à Whitehorse une tournée pancanadienne qui s'arrêtera à Wilfrid-Pelletier le 8 février.

C'est là une fort bonne nouvelle pour les fans de Blue Rodeo. En effet, lors de son dernier spectacle au Métropolis, au Festival de jazz de 2011, Keelor sortait fréquemment de scène pendant les chansons plus rock et Cuddy nous a appris par la suite que son copain de longue date souffrait de problèmes auditifs qui lui compliquaient un peu les choses.

Au téléphone, Keelor est de fort bonne humeur. Oui, dit-il, ses ennuis s'apparentent à ceux qu'éprouve Pete Townshend du groupe britannique The Who: « On évolue pendant des années dans cet univers de haut volume et les oreilles de certains le supportent moins bien que d'autres, je suppose. Mais ça va mieux. Le groupe a fait de gros efforts pour m'accommoder. Désormais les amplis de guitares ne sont plus sur scène et je n'ai plus à m'absenter pendant le spectacle. Je ne peux plus jouer de guitare électrique à haut volume, mais je peux jouer de la guitare acoustique et chanter mes chansons. «

C'est Colin Cripps, qu'on a déjà vu avec Blue Rodeo et dans le groupe de Jim Cuddy, qui joue désormais de la guitare électrique à la place de Keelor. « Colin a beaucoup contribué au son du groupe et le nouveau disque auquel nous travaillons sonne vraiment bien. Colin y joue de la guitare électrique et [le claviériste] Mike Boguski qui a joué sur environ la moitié des chansons de The Things We Left Behind a vraiment pris sa place dans le groupe et son apport est important, lui aussi. «

Boulimique de musique

Les deux tiers de ce prochain album, qui devrait paraître à l'automne, sont terminés et Blue Rodeo en jouera quelques pièces à Wilfrid-Pelletier. Le disque en question sera « plus concis « que le double The Things We Left Behind sur lequel le groupe se permettait de longues envolées musicales.

« La principale différence pour moi sur ce disque, c'est que je n'ai pas composé mes chansons à la guitare électrique, explique Keelor. Elles ont toutes été écrites à la guitare acoustique même si Colin va jouer de la guitare électrique sur certaines d'entre elles. On a enregistré l'essentiel de ce disque dans ma maison. En bas, j'ai une pièce de claviers - un Wurlitzer, un Hammond... - où on travaille les chansons jusqu'à ce que chacun sente qu'il a une partition qu'il aime. Puis on prend nos instruments qui sont répartis un peu partout dans la maison. «

Keelor est boulimique de musique, autant sinon plus que son ami Cuddy. Dans son studio maison, il vient d'achever la réalisation de l'album solo de Michelle McAdorey, avec laquelle il avait fondé en 1988 le groupe Crash Vegas, dont a fait partie Colin Cripps, mais McAdorey et Keelor n'avaient pas travaillé ensemble depuis une vingtaine d'années. « Un très joli disque «, dit-il. Le groupe Cuff the Duke, qu'on a vu en première partie de Blue Rodeo il y a trois ans à Wilfrid-Pelletier, a également enregistré son nouvel album chez Keelor, tout comme Graham Walsh, du groupe Holy Fuck, et sa femme Julie Fader, une autre collaboratrice de Blue Rodeo. En plus, l'été dernier, Keelor a donné des spectacles à saveur théâtrale avec Travis Good, des Sadies, et le célèbre acteur canadien Gordon Pinsent avec lesquels il a enregistré un album double, Down and Out in Upalong, à partir de poèmes de Pinsent.

N'empêche, pour Keelor, rien ne vaut ces moments privilégiés d'un concert typique de Blue Rodeo quand le public chante avec lui Hasn't Hit Me Yet ou Lost Together comme il le fera encore à Wilfrid-Pelletier vendredi.

« Pour plusieurs auteurs-compositeurs-interprètes, c'est le compliment ultime, dit Grégoire. Non seulement les gens ont écouté et apprécié nos chansons, mais ils les ont apprises. Ce que j'aime beaucoup des chansons de Blue Rodeo, c'est qu'elles sont très populaires dans les partys, dans la cuisine ou autour d'un feu de camp. Je ne suis pas très porté sur les réseaux sociaux, mais j'adore regarder les reprises de nos chansons par des fans sur YouTube. «

Blue Rodeo, à la salle Wilfrid-Pelletier, le 8 février