Son dernier album a été enregistré en Australie avec les réalisateurs Gus Van Go (Les Trois Accords) et Werner F (Priestess, Vulgaires Machins), incluant des chansons en anglais et en français. Quand Franz Shuller parle de son groupe Grimskunk, on comprend les liens qui se tissent entre son groupe et la famille élargie de la maison de disques qu'il a fondée, Indica.

Ce soir, Grimskunk donnera un spectacle au Club Soda dans le cadre de sa tournée qui marque les 25 ans d'existence du groupe. En mai dernier, la bande de Franz Schuller, Joe Evil, Vincent Peake, Peter Edward et Ben Shatskoff a sorti un album studio intitulé Set Fire! Un album achevé... mais qui est né dans la brume!

«On n'a pas tendance à avoir de plan. Plutôt de foncer dans le noir. Le début du band, c'était de fumer des battes et être stone, puis prendre un instrument et faire de la musique... créer dans un jam ouvert, explique Franz Schuller. Cela n'a pas vraiment changé. Piger dans le mystère et le néant et laisser  venir ce qui vient.»

Avec un premier beau mélange de quelque 25 semblants de jams ou de chansons qui entremêlent rock, prog et punk, les membres de Grimskunk ont fait appel aux réalisateurs Gus Van Go et Werner F pour faire le tri et des choix.

«Ça partait dans tous les sens et on avait besoin de direction», dit Franz en riant.

Aller en Australie était un choix naturel, puisque Franz a tissé plusieurs relations d'affaires et d'amitié avec des gens là-bas depuis qu'il s'y est rendu pour une première fois en tournée avec Dobacaracol.

Grimskunk s'est installé dans une maison-studio en banlieue de Sydney, pas loin de la plage. «On a enregistré l'album home made à la bonne franquette, raconte Franz. Gus ne voulait pas avoir un son alternatif des années 90, mais un son vintage. On est allés chercher des amplis et des instruments des années 70 et on a suivi son idée de faire quelque chose de plus psychédélique. On s'est particulièrement laissé aller vocalement avec des harmonies pink-floydiennes et beatlesques...dans le fond, on est trois chanteurs et ça fait beaucoup de possibilités.»

Un idéaliste

Franz Schuller est un idéaliste de la musique. «La musique, pour moi, c'est de l'émotion. Et le royaume de la musique, c'est une communauté», dit-il.

«Le but de Grimskunk, au départ, était de sortir de chez soi et de partir à l'aventure, raconte Franz. Quand on a commencé, ça n'existait pas le DIY (l'esprit Do It Yourself) et faire des choses de façon indépendante d'aller faire des spectacles dans des salles communautaires à Matane et d'aller porter des cassettes à l'Oblique et chez Dutchy's.»

De fil en aiguille, il y a eu le fameux spectacle au Spectrum avec Groovy Aardvark et Les Bons à rien. Les années ont passé: Grimskunk a sorti plusieurs albums et Franz a fondé en parallèle le label Indica, qui a accueilli les Vulgaires machins, Xavier Caféïne et plus récemment Half Moon Run.

En entrevue, Franz parle de musique et de son industrie avec passion et conviction. Le web a «apporté une ouverture musicale», dit-il, regrettant toutefois de voir les jeunes réunis virtuellement chacun dans leur chambre à coucher au lieu de se regrouper dans des lieux communs comme une salle de spectacle.

D'où l'importance que Franz Schuller et Grimskunk accordent à un spectacle comme celui de ce soir au Club Soda. Miser sur le ici et le maintenant, avec une «communion» avec le public. Un public qui regarde le spectacle au lieu de jouer les cools sur Twitter ou Instagram.

Franz Schuller promet aux spectateurs du Club Soda de stimuler leurs sens, «du visuel aux odeurs», «comme sous l'effet de la drogue qui t'amène ailleurs».

«Les gens vont à un spectacle pour avoir un contact émotionnel», conclut-il.

Grimskunk en spectacle ce soir au Club Soda.