Bïa réussit à faire danser les parents et les enfants avec des histoires de mouffette coquine, de raton laveur filou et de lynx dandy sur Pyjama party, sympathique livre-disque aux illustrations rigolotes de Caroline Hamel. Une première incursion réussie dans la musique jeunesse pour la chanteuse à la voix chaude qu'on a l'habitude d'entendre du côté des rythmes latins, et qui pour l'occasion s'en donne à coeur joie dans le bon vieux rock'n'roll, le funk et le hip-hop.

Q: C'était un désir de faire un disque pour les enfants?

R: Je n'y avais jamais pensé. Mais j'ai souvent participé à des projets avec la Montagne secrète, et un jour j'ai envoyé la chanson Joséphine la coquine au directeur de collection, qui a adoré. Il m'a demandé d'écrire 10 autres chansons dans cet univers et de trouver une histoire qui les relie. J'ai alors fait cet album autour des aventures de Joséphine et ses amis, et l'idée d'un party avec des animaux de la forêt et des sous-bois du Québec en est devenue le fil conducteur. J'ai aussi voulu que chaque chanson parle d'une époque de la musique américaine, c'est pour ça qu'il y a du rockabilly, du swing, du zydeco, du disco, du funk, du hip-hop...

Q: Musicalement, c'était une occasion de sortir de vos chemins habituels?

R: Je suis sud-américaine et je me sens légitime dans les rythmes latins. Si je sortais un album rock pour adultes, je serais la première à trouver ça déconcertant! Mais j'écoute et je danse sur cette musique, et de le faire pour les enfants, ça a permis à la censure de prendre le bord. C'est devenu complètement épidermique, fantaisiste et spontané.

Q: Chanter du funk, du disco, c'était un rêve?

R: J'ai pu réaliser tous mes fantasmes vocaux! En studio, il fallait me voir, je me croyais vraiment. Sur scène aussi, je peux faire tout ce dont j'ai toujours rêvé, comme me prendre pour Tina Turner...

Q: Le disque, réalisé par Erik West-Millette et Sacha Daoud, «sonne» bien. C'était important de faire un produit léché?

R: J'ai travaillé avec des vrais et très bons musiciens, et nous avons tous joué avec conviction et une vraie attitude rock. Par exemple, C'est moi le coyote, je l'ai inventée en faisant plein de bidouillage sur mon ordi. Après, les gars l'ont reproduite avec des machines et des instruments, pour lui donner une profondeur électro, avec le même soin technique que si on la sortait dans un disque hip-hop pour les ados. On n'a rien fait à rabais, ni à moindre effort.

Q: Vous avez pensé aux parents pendant la production?

R: Oui. L'image qu'on avait, en travaillant, c'était un voyage en famille. On voulait que les parents et les enfants tripent ensemble, chantent à tue-tête dans la voiture, avec des refrains faciles à reprendre. L'idée était que les adultes ne soient pas devenus fous à la fin du trajet! On a fait l'album qu'on voulait entendre.

Q: Vous parlez de pet et de rot, mais aussi d'emberlificoteur, de supplice et de pirogue. Vous avez fait attention à l'écriture?

R: On a gardé le petit côté scatologique: on n'est enfant qu'une fois dans la vie, il faut profiter de cette liberté! Mais j'avais aussi envie de proposer aux enfants un vocabulaire riche, original, avec des rimes pas évidentes, des mots que ne font pas partie du quotidien, mais qui, un jour, leur reviendront en tête. C'est mon côté maman éducatrice!

Q: Vous ferez Pyjama party2? Vous avez des projets de spectacles?

R: Nous serons à Coup de coeur francophone et au Salon du livre de Montréal, puis nous irons passer deux semaines en France en novembre. Mais la vraie tournée, pour le Québec, est prévue pour 2013. C'est sûr qu'on a plein d'idées pour une suite, genre le blues du ouaouaron... mais on a vraiment besoin que les gens aiment le disque et qu'il se vende, que ça marche pour pouvoir vite en faire un deuxième!

Pyjama party de Bïa, demain à 11h au Lion d'or dans le cadre de Coup de coeur francophone. Elle sera aussi à L'heure du conte en pyjama, le dimanche 18 novembre au Salon du livre de Montréal.