Alors que les gens s'attendaient à un album solo, Fred Fortin remet plutôt à l'eau le projet Gros Mené, avec ses potes Olivier Langevin et Pierre Fortin. Pour ceux qui ont envie de bon rock sale qui vient du ventre.

Avec Gros Mené, oubliez les poissons tropicaux. Pensez à des brochets et des barbottes, à des gars qui ont soif de bon rock, de hockey et de virées sans lendemain.

La tournée de Galaxie à peine terminée, voilà que Fred Fortin repart en expédition de pêche avec Gros Mené (dernier jeu de mots, promis). Quand l'étiquette de disque Grosse Boîte avait annoncé qu'elle avait recruté Fred Fortin, en février, on annonçait pourtant un album solo.

Fortin avait plutôt envie de «détonner», de sortir du moule et de circonscrire son inspiration à un cadre et un concept bien précis.

«Il y a un format français au Québec en ce moment, explique-t-il. Tout le monde  se dirige dans la même direction. Le folk, l'électro-pop... J'aime la musique qui a son univers. Le thème est là, avec un esprit... Et les gens ne s'attendent pas à des paroles personnelles... Gros Mené, c'est une façon d'avoir un certain anonymat et de faire une séparation avec mes albums solo.»

Fred Fortin a donc décidé de ressusciter Gros Mené, projet né il y a a 15 ans au Lac-Saint-Jean et qui fait naître un album qui a marqué les annales du rock québécois, Tue ce drum Pierre Bouchard.

«Après mon premier album solo, je suis retourné vivre au Lac et je voulais avoir un band local. Le projet a pris forme avec René Lussier et Pierre Tanguay», raconte-t-il.

L'an dernier, avant le festival du Coup de grâce de Saint-Prime, Fortin s'est aussi enfermé pendant une semaine dans son chalet de St-Félicien pour jeter les premières bases de l'album Agnus Dei, en magasin depuis mardi dernier. Pierre Bouchard, que Fortin décrit comme «un vieux chum à nous autres et l'un des premiers à avoir poussé la musique du Lac à Montréal», est de retour dans la peau d'une sorte de «prophète». Il joue également de la batterie sur deux titres, Pote Michel et L'amour à l'échelle 1/60.

Tel qu'annoncé, Agnus Dei est une messe «de plein garroché et d'abrasion», avec des «majuscules, de gros traits, des guitares, et des Mercury Cougar 67».

Pour Fred Fortin, Gros Mené est moins stoner rock qu'il y a 15 ans. «J'aime beaucoup la vieille musique. Je suis parti avec quelque chose inspiré de New Orleans et de Dr. John avec des trucs vaudou et l'aspect du culte, explique Fortin. Mais quand j'ai fait les groove, ça viré plus Texas.»

En entrevue, Fortin emploie aussi avec enthousiasme les mots «psychédélique», «blues» et «vieux jazz», tout en parlant de Lee Dorsey et James Booker, «un pianiste mort dans les années 80». Il explique que le premier jet des chansons de Gros Mené se fait à la batterie.

À travers ce beau road-trip sonore, les textes de Fortin parlent de rock, de brosse, des Bruins, d'Ovechkin, et de gars saûl qui chante la pomme à une fille, à travers des images. «C'est d'explorer l'univers d'un gars dans un esprit poétique», explique Fortin.

Pour Gros Mené, Fortin retrouve une fois de plus ses potes de Galaxie, Olivier Langevin et Pierre Fortin.

-Vous ne vous chicanez jamais? «Non, on a une belle complicité... et c'est trippant de se développer ensemble de même. Olivier et Pierre sont de joyeux guerriers, toujours volontaires et généreux. On réussit à faire tourner la roue!»

À 41 ans, Fred Fortin affirme que «c'est un privilège de faire de la musique dans la vie». La tournée de Gros Mené l'emballe. «Les tounes s'ouvrent bien gros. On va se permettre de saboter bien des affaires...»

Gros Mené se produira le 6 novembre, à La Tulipe, dans le cadre de Coup de coeur francophone.