John Hiatt est un grand de la chanson américaine dont les chansons ont été reprises par des monuments. Mais cet auteur-compositeur de talent est aussi un artiste de scène charismatique comme on pourra encore le constater au Club Soda dans quelques jours.

Il y a 24 ans, presque jour pour jour, John Hiatt avait donné deux concerts mémorables le même soir au Club Soda qui logeait alors sur l'avenue du Parc. Au beau milieu de la chanson Slow Turning, qu'il jouait en guise de dernier rappel, Hiatt s'était mis à réfléchir à haute voix: «Ces trois accords me sont tellement familiers. Je joue les trois mêmes accords depuis 25 ans!»

Au bout du fil, Hiatt pouffe de rire: «Ça fait presque un autre 25 ans, et je joue encore! Je m'amuse encore plus. Je viens d'avoir 60 ans, mais je me sens comme un enfant.»

À l'époque, Hiatt était davantage un survivant, marqué par une série de drames familiaux dont le suicide récent de sa deuxième femme. Il sortait à peine de la noirceur et s'ouvrait à la vie, à l'amour, au bonheur.

«J'étais en train d'apprendre à vivre, se souvient-il. Jusque-là, je m'étais tellement perdu dans l'alcool et les drogues que je ne savais pas comment fonctionner au jour le jour. J'étais comme un ti-cul de 10 ans prisonnier d'un corps de 33 ans. Fallaît que je mûrisse.»

Pourtant, hier comme aujourd'hui, ses chansons transmettaient une passion et un appétit de vivre auquel personne ne pouvait demeurer insensible. «Je me suis toujours entouré de musiciens qui utilisent leurs instruments comme un chanteur utiliserait sa voix, explique-t-il. Je ne m'intéresse pas à la technique ou aux dons exceptionnels d'un musicien. Je veux des musiciens qui ont trouvé leur propre voix, qui d'une certaine façon transcendent leurs instruments et font simplement de la musique. Un gars comme Ry Cooder, par exemple, a non seulement une voix unique, mais il peut émouvoir en jouant les choses les plus simples. Ce n'est pas facile de trouver des gars qui s'intègrent parfaitement à ce que tu fais.»

Des musiciens solides

Sur ce plan, on peut dire que Hiatt a été choyé. Au fil des ans, il a joué avec des pointures comme Ry Cooder, mais aussi Nick Lowe, Jim Keltner et David Lindley, et son Combo actuel n'a rien à envier aux très solides Goners, dont faisait déjà partie son batteur Kenneth Blevins à l'époque de Slow Turning. Ça s'entend encore sur son tout nouvel album Mystic Pinball, tout en vitalité.

«J'aime beaucoup la façon de travailler du réalisateur Kevin Shirley, mentionne Hiatt. On avait fait l'album précédent, Dirty Jeans, en 14 jours et celui-là on l'a enregistré en six jours puis Kevin l'a mixé en quatre jours. On jouait les chansons une ou deux fois puis on les enregistrait.»

Il y a dans Mystic Pinball des textes souvent sombres, parfois amusants, mais généralement touchants et toujours bien tournés, sur des musiques simples, mais efficaces nourries au blues, au rock et au country. Ainsi qu'à l'occasion des riffs et un son qui plairont aux fans des Stones. Pas étonnant de la part d'un gars de Nashville qui n'a jamais caché qu'il avait été inspiré par les Stones et Dylan.

«Grâce à Dylan, j'ai découvert le folk d'Odetta et les racines de la musique américaine, dont le blues de Mississippi John Hurt et Lightnin' Hopkins. J'ai acheté le premier album des Stones sur lequel ils reprenaient Little Red Rooster, une chanson de Willie Dixon, et j'ai remonté à la source de leur inspiration. Mes enfants ont fait la même chose. Ils ont grandi en écoutant Michael Jackson et Metallica et ils explorent aujourd'hui les racines de cette musique. La bonne musique populaire sert également perpétuer la tradition.»

Mardi au Club Soda, Hiatt, Blevins, le bassiste Patrick O'Hearn et le guitariste Doug Lancio vont revisiter le vaste répertoire de l'homme dans lequel Dylan justement, mais aussi Clapton, B.B. King, Buddy Guy, Iggy Pop et Bonnie Raitt ont déjà pigé. Et ils y grefferont deux ou chansons de Mystic Pinball.

En première partie, on pourra entendre Roxanne Potvin qui, sur son troisième album paru en 2006, a eu le bonheur de chanter avec Hiatt.

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John Hiatt, au Club Soda, le 2 octobre.