Pur produit sherbrookois, collaborateur de longue date de Vincent Vallières et d'Éloi Painchaud, Jipé Dalpé vient de lancer son deuxième album, La tête en bois, fait de guitares chaudes et de cuivres lancinants. Un disque qui le ramène «les deux pieds plantés dans' terre», dit-il.

«Je sentais le besoin de clarifier les choses, explique Jipé Dalpé. Clarifier mes propos, mes arrangements, pour me demander qui je suis comme auteur-compositeur.»

Un auteur à la plume agile, peut-on constater. De la chanson pop dans les règles de l'art, une belle prestance vocale, une musicalité qui renvoie aux classiques. L'artiste progresse sur ce deuxième album, plus concis que ce qu'il nous offrait en 2008 avec Les préliminaires.

Dalpé reconnaît le piège du premier album, que l'on veut farcir de la somme de ses influences musicales. «Ça donne une courtepointe musicale éparpillée, forcément. J'en étais conscient et, à la lumière de cette première expérience, j'ai grandi, j'ai évolué, je crois que ça s'entend.»

De nouveau épaulé par Éloi Painchaud, Dalpé a mis de côté les éléments électroniques qui coloraient les chansons de son premier album pour miser sur la chaleur du folk. Le travail d'arrangements s'est fait avec le concours de François Lafontaine (Karkwa) et de Pierre Fortin (Galaxie).

«Je suis le premier à me dire tanné du retour du folk et du bluegrass dans la pop ces temps-ci, dit-il en rigolant. Je ne cherchais pas vraiment à faire un disque folk. Je crois plutôt que, dans le dépouillement, on est revenu à l'essentiel. Éloi a vu tout le potentiel qui se cachait dans ces chansons.»

Sherbrooke, l'incubateur

Jipé Dalpé est un pur produit sherbrookois. «Même si j'habite Montréal depuis 12 ans, j'ai encore de solides attaches avec ma ville natale, confirme-t-il. C'est un milieu très vivant, les médias locaux nous appuient beaucoup et j'ai une belle relation avec les fans.»

Il décrit son environnement de jeunesse comme un «incubateur de talents, une ville où la vocation artistique peut être alimentée dès le primaire». Lui-même s'est initié à la musique à l'école primaire Sacré-Coeur, et a poursuivi son apprentissage aux écoles secondaires Mitchell et Montcalm, reconnues pour leurs programmes culturels.

«Mais il y a aussi une deuxième école, celle des bars. C'est celle de Vincent Vallières, que j'ai rencontré au cégep. Ou encore celle de Garou, qu'on allait écouter chanter du blues. Je nomme ces deux-là, mais plein de musiciens que je croise encore à Montréal aujourd'hui sont issus de ces milieux-là.»