Étoile montante de la scène internationale, la mezzo-soprano Michèle Losier fait ses débuts, ce mois-ci, au prestigieux Festival de Salzbourg.

Pour les musiciens et les mélomanes, Salzbourg n'est pas seulement le lieu enchanteur popularisé par le film The Sound of Music. C'est aussi un endroit mythique, siège d'un festival annuel qui rassemble, cinq semaines durant, certains des plus grands artistes. Des visiteurs enthousiastes y accourent chaque été des quatre coins du monde pour un bain de culture sans pareil: opéra, concerts symphoniques, musique de chambre, récital, théâtre...

La mezzo-soprano Michèle Losier y débute ce mois-ci dans un premier rôle, la Dorabella du Così fan tutte de Mozart, l'enfant chéri de la ville.

Il y a une certaine inévitabilité dans le parcours de Michèle Losier. Si la chanteuse de 33 ans se trouve aujourd'hui à l'orée d'une carrière internationale étincelante, c'est avant tout le résultat d'une intelligence et d'un talent évidents, mêlés à une détermination inébranlable. Originaire de l'Acadie, mais établie à Montréal dès l'adolescence, elle fait ses classes à l'Atelier lyrique de l'Opéra de Montréal, puis rencontre la célèbre pédagogue Marlena Malas, à New York, qui deviendra, plus qu'un professeur, un guide, un mentor qu'elle consulte toujours.

Finaliste des auditions nationales du Metropolitan Opera en 2005, elle n'est pas retenue parmi les gagnants, mais fait néanmoins forte impression. Même chose trois ans plus tard, au Concours Reine Elisabeth de Belgique. Deux expériences douces-amères qui la placent parmi les «espoirs» des directeurs de casting. Quelques années plus tard, l'espoir s'est plus que confirmé. Le Met de New York, le Covent Garden de Londres, le Théâtre des Champs-Élysées (Paris), le Liceu de Barcelone lui ouvrent toutes grandes leurs portes: loin du star-système parfois associé à son métier, sa voix et son jeu s'imposent avec une évidence limpide.

«Je savais que je devais venir en Europe. Après Bruxelles (le Reine-Elisabeth), j'ai fait des dizaines d'auditions un peu partout sur le continent, pour des rôles plus ou moins importants, dans des théâtres plus ou moins importants, toujours dans le but de me faire connaître. Les dés peuvent rouler pour vous au moment où vous ne vous y attendez pas.»

C'est une jeune femme manifestement épanouie qui rencontre La Presse sur la terrasse du Café Demel - épanouie, mais consciente que l'équilibre entre vies personnelle et professionnelle demande aussi beaucoup d'efforts. À Salzbourg, elle joue l'une de deux soeurs, jeunes et belles, dont les amoureux veulent mettre la fidélité à l'épreuve. Sans trop de surprises, les résultats de l'expérience ne sont pas exactement ceux escomptés, et les protagonistes sont tous douloureusement ébranlés dans leurs certitudes.

La mise en scène de l'Allemand Claus Guth, criante de vérité, replace le chef-d'oeuvre de Mozart dans sa contemporanéité. «Je n'ai jamais été aussi heureuse de chanter. En même temps, je ne cherche pas la gloire à tout prix. La question la plus difficile, c'est celle que se posent toutes les femmes: travail ou famille? Les deux? Dans quel ordre? Je n'ai pas encore tout à fait trouvé la réponse...»

Si Michèle Losier mène sa vie de famille avec le même doigté que sa carrière, gageons que le dilemme se résoudra.