En août 2002, Nathan Maddox s'était rendu sur le toit d'un édifice du Chinatown à Manhattan, afin d'y contempler l'orage qui sévissait sur la ville. Il y fut foudroyé à mort. Événement déclencheur s'il en fut, Gang Gang Dance n'a connu son véritable envol qu'avec le décès tragique de son chanteur.

« Lorsque ça s'est produit, je vivais une aventure amoureuse avec un garçon à Paris. J'ai reçu ce courriel annonçant le drame, je suis rentrée à New York. Nous avons alors tenu une cérémonie commémorative. Pour nous, ce fut une période très dure mais... étrangement, cette mort s'est avérée magique. Nous savions que Nathan était visionnaire, qu'il cherchait quelque chose de neuf. Avec le temps, je peux dire que nous avons trouvé », raconte Lizzi Bougatsos, jointe hier à New York.

Avant que ne meure Nathan Maddox, Gang Gang Dance comptait deux voix principales, dont celle de notre interviewée. Après quoi, elle est devenue la chanteuse du groupe, fonction qu'elle occupera ce week-end à l'occasion d'une escale montréalaise.

« Lorsque nous avons formé Gang Gang Dance, de poursuivre Lizzi, nous étions plus fébriles, moins disponibles à une création rigoureuse. Pour nous, ce groupe était davantage une expérience qu'un projet. À la mort de Nathan, les choses ont changé. Nous avons eu le sentiment d'avoir quelque chose à dire, ce projet s'est avéré soudain plus sérieux. Le processus créatif est devenu beaucoup plus intense, nous nous sommes mis à tourner et composer beaucoup plus de matériel. C'était pour nous une manière de garder présent l'esprit de Nathan. »

Glass Jar, première chanson de l'album Eye Contact paru ce printemps, évoque d'ailleurs cette disparition.

« Cette chanson évoque la perte de l'autre, la manière dont l'esprit des morts peut nous revenir en tête comme s'il s'agissait d'une résurrection. J'ai d'autres amis qui sont décédés depuis Nathan, dont un cousin. Lorsque nous avons créé ce nouvel album, nous avons pris le temps d'explorer nos souvenirs en ce sens. Par la même occasion, nous avons réfléchi à nos provenances», explique Lizzi.

En 2001, Gang Gang Dance avait été fondé par le claviériste Brian DeGraw et le batteur Tim DeWitt, tous deux originaires de Washington DC et ayant participé à différents groupes de la capitale américaine. New-yorkaise élevée à Queens et Long Island, Lizzi Bougatsos chantait dans le groupe Russia lorsque les deux mecs de Washington l'ont connue. Une fois déménagés dans la Grosse Pomme, ils ont formé ce groupe de concert avec le guitariste Josh Diamond, feu le chanteur Nathan Maddox et notre interviewée.

Gang Gang Dance a lancé un premier album Revival of the Shittest (2004) et l'EP Hillulah (2005), suivis des albums God's Money (2005), Saint Dymphna (2008) et Eye Contact (2011). Les deux derniers opus de Gang Gang Dance, il faut dire, ont soulevé beaucoup d'intérêt pour leurs mixtions de pop, de prog et différents styles électroniques.

« C'est un mélange inconscient de tout ce qui nous touche musicalement. Nous n'avons pas de plan d'attaque pour chaque composition, le processus de création est organique. Une chanson de Heart, par exemple, jouait dans la voiture de mon père, Sade jouait aussi, ça m'a marqué pendant la création des dernières chansons. J'ai écouté beaucoup de pop pendant l'enregistrement de Eye Contact mais aussi des musiques brésiliennes, iraniennes, arabes, pop, grecques et plus encore. Brian, lui, écoutait des musiques de méditation et des chants de moines! Et ainsi de suite pour les autres...»

Il ne faut donc pas chercher vraiment à circonscrire le son Gang Gang Dance, pop indie on ne peut plus éclatée, perméable à toutes les musiques. Sorte de nouveau psychédélisme? Lizzi Bougatsos n'est pas contre l'idée.

« Je crois que nous sommes des hippies d'aujourd'hui! Nous préconisons une approche holistique. Des choses magiques peuvent alors se produire en cours de route.»

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Gang Gang Dance se produit au Il Motore, ce samedi, 21h30. Le groupe sera précédé de Nguzunguzu et Total Freedom.