Entre deux grands succès américains, Roch Voisine soulignera ses 25 ans de carrière, ce soir au Centre Bell: «Je suis un gars chanceux», dit-il en entrevue.

La dernière fois que Roch Voisine a chanté à Montréal, c'était au St-Denis en 2007 et il y avait un micro au centre du parterre. «Pour que les gens viennent poser des questions», nous dira le chanteur en soulignant que ce concept interactif le relevait de l'obligation de «toujours répéter les mêmes niaiseries».

Rien de tel ce soir au Centre Bell pour la rentrée montréalaise du plus célèbre Néo-Brunswickois de la Terre. Les micros seront tous sur la scène et les seules questions entre les chansons seront celles que les spectateurs poseront à leurs voisins: «Comment s'appelle cette chanson? Qui chantait ça donc?»

«C'est un gros concert country», lance Roch Voisine en parlant de son spectacle Americana, du titre de ses deux derniers disques sur lesquels il interprète les grands hits américains des années 50, 60 et 70. Cette palette, aussi vaste que le désert du Nevada, nous amène de Lay Lady Lay de Dylan, le nouveau septuagénaire, à Suspicious Minds d'Elvis. Le tout récent Americana II roule plus rock sur les Country Roads (John Denver) de la grande Amérique avec Take it Easy (Eagles), Pretty Woman (Roy Orbison) et Heart of Gold (Neil Young).

Au-delà de toute considération, Roch Voisine confirme ce que nous savons de la première écoute: il s'est fait plaisir. Comme producteur, comme musicien, comme chanteur qui s'est fait accompagner par les meilleurs musiciens de studio de Nashville, qui en compte des milliers de bons. Une impeccable production, subtile, dosée, mais pleine. Et difficile à transposer sur scène, on peut supposer... Roch Voisine, le gars de tournée, voit le beau côté du défi:

«Le studio et la scène sont deux métiers qui font appel à des qualités différentes. Aux deux endroits, il faut s'entourer des meilleurs et les laisser s'exprimer. Parfois on fait de grandes découvertes...» Mais on «embarque» l'âme en paix quand, à la guitare, on a Christian Péloquin d'un bord et Réjean Lachance de l'autre. Reste que ce «gros show country» a été difficile à vendre, au début. Au Québec, s'entend...

«Ici, il n'y a pas de grande tradition country - peut-être à cause du stéréotype du cowboy. Les tourneurs et les producteurs locaux hésitaient. Les ventes du disque les ont convaincus...» La semaine dernière, Americana II était au troisième rang au Canada, derrière les disques d'Adele et des Foo Fighters. «Avec les seules ventes québécoises», précise Roch Voisine, un producteur indépendant qui mène sa PME avec Narimane, sa blonde et relationniste.

Retour sur 25 ans de carrière

Qui va voir Americana? «Beaucoup de gars. Les gars aiment le rock et le country. Il y a moins de gangs de filles qu'avant... Notre démographie a changé», indique Roch Voisine qui, à près de 50 ans, n'a rien perdu de ses qualités esthétiques: menton à la Bob Morane, bras gros comme ça, 200 livres, pas une once de graisse.

«As-tu trouvé difficile le passage du statut de teen idol à celui de star adulte?», lui demande-t-on. «Pas du tout, dit-il, parce que j'ai toujours su que ça n'allait durer qu'un temps. J'étais prêt et je me suis adapté sans problèmes.»

Ce soir, les spectateurs du Centre Bell auront droit à un petit spécial alors que Roch Voisine et ses musiciens laisseront la Route 66 pendant quelques milles pour souligner les 25 ans de carrière du p'tit gars d'Edmundston. Top Jeunesse n'est plus à l'antenne, Quatre Saisons non plus. Roch Voisine, lui, promène toujours sa guitare aux trois coins du triangle France-Canada-Québec qui peut s'avérer aussi dangereux que celui des Bermudes. «Ça fait longtemps que j'arrêté de penser aux questions de langues...»

Et cet anniversaire pour lequel il promet des «surprises» ? «C'est un clin d'oeil... On va refaire quelques chansons qui ont marqué ces 25 ans. Quand même... J'ai beaucoup travaillé, mais je suis aussi un gars chanceux...»

Comment ça s'appelait encore, la toune que chantait Roch Voisine quand on était jeunes? Un nom de fille, là...