Dans les années 90, la chanteuse k.d. lang frappait fort en actualisant le country, accompagnée de son groupe The Reclines. Mardi, elle renoue, quelque 20 ans plus tard, avec ses racines et lance l'album Sing It Loud, marqué au fer rouge du country contemporain, en compagnie de son nouveau groupe, le Siss Boom Bang. Et ça lui va bien, vraiment bien...

C'était en 1990, au Festival d'été de Québec. Sous les étoiles et sur la grande scène, une longue chanteuse au look androgyne, une tornade vivante qui proposait un country franchement séduisant, une incroyable force de la nature faite pour brûler les planches, bref k.d. lang en personne, nous mettait tous dans la petite poche arrière de son veston. Ce soir-là, nous avons été nombreux à nous dire: «Elvis est vivant... et c'est une femme!»

Quand on relate ce moment à k.d. lang, elle rit d'un vrai rire au bout du fil et affirme: «Je suis de nouveau Elvis, je pense!» C'est qu'au cours des 10, 15 dernières années, k.d. lang a manifestement eu envie de fouiller ailleurs que dans le country ou le folk, et son côté «flambeau incandescent en spectacle» avait été, de ce fait, un brin mis sous l'éteignoir.

Elle a donc été voir ailleurs. D'abord avec son disque plus pop Ingénue, lancé avec grand succès en 1992 - une période où elle a également assumé publiquement son lesbianisme et ses convictions végétariennes (elle avait même clamé «la viande pue», ce qui n'avait pas réjoui son Alberta natal, terre de bétail s'il en fut!). Ensuite, avec une série d'albums plus «adultes contemporains» de qualité, mais qui ne convainquaient pas autant que ses albums de reprises comme A Wonderful World (2003), en duo avec Tony Bennett et consacré au répertoire de Louis Armstrong.

En d'autres termes, ses qualités d'interprète ont toujours été très appréciées, mais moins ses choix à titre d'auteure-compositrice. Pas un hasard si elle était en nomination aux derniers prix Juno, en février, pour sa reprise hallucinante de Hallelujah de Cohen lors des Jeux olympiques de Vancouver.

«En fait, c'est en enregistrant l'album Reintarnation (en 2006, voué aux grands classiques du country) que j'ai eu envie de vraiment revenir au genre country, explique-t-elle. Pendant les 10 années précédentes, j'ai vécu une longue période où j'ai eu besoin d'étudier un autre aspect de ma voix, d'expérimenter. Et puis, par l'entremise d'un ami, j'ai rencontré l'an dernier le musicien Joe Pisapia, et je suis tombée amoureuse de lui - musicalement, s'entend! Tout est devenu soudain assez simple et nous nous sommes retrouvés à Nashville pour enregistrer le nouvel album. Et dès le premier jour en studio, nous avons écrit ensemble deux chansons!»

Une formation explosive

Pour les enregistrer, ils ont alors fait appel à divers musiciens et soudain, ils ont trouvé «l'alignement» parfait, un groupe de jeunes instrumentistes allumés qui sont devenus le Siss Boom Bang et qui ont même collaboré à l'écriture de certaines chansons. Résultat des courses? En trois jours, tout ce beau monde avait composé huit chansons! Pourquoi s'appeler le Siss Boom Bang? «C'est une expression américaine pour désigner les feux d'artifice du 4 juillet, le bruit que ça fait!» Bref, c'est explosif, cette formation, pour k.d.

Groupe ou pas, on reconnaîtra certaines singularités de l'art de lang dans cet album. Par exemple, dans I Confess: «Je dirais que c'est ma chanson la plus "orbisonesque"», explique-t-elle, faisant ainsi référence au magnifique duo Roy Orbison-k.d. lang de Crying, son premier vrai grand succès populaire, en 1987 - et c'est vrai que la chanson a quelque chose du très regretté Roy, notamment dans les orchestrations.

Quant à l'étonnante Habit Of Mind, écrite par k.d., qui aura 50 ans en novembre prochain? «C'est sans doute la plus autobiographique de toutes, dans la mesure où elle incarne l'esprit bouddhiste (que la chanteuse pratique depuis longtemps) mêlé au country rock et où je mentionne justement Elvis... Disons que ça n'existe pas beaucoup, ce genre de chanson "bouddha dans un bar"!»

Sing It Loud compte par ailleurs une reprise très réussie de Heaven du groupe Talking Heads: «J'aimais tellement cette idée que le paradis était un endroit où il ne passait absolument rien! C'est le comble du bouddhisme! On aimait tellement cette version qu'on l'a mise sur l'album.»

L'album «physique» sera en magasin mardi, mais c'est sans doute la version numérique qui intéressera vraiment les fans puisqu'on y trouve quatre chansons de plus que sur le CD: «Au départ, il ne devait y avoir que des originales sur l'album, mais on avait enregistré trois reprises en «bonus». On a finalement mis Heaven sur le CD, qui a remplacé une inédite, et la version numérique comprend donc deux autres reprises et deux originales de plus. Si on veut les 14 chansons, il faut aller en numérique.»

Et si on veut la voir en spectacle? Pour le moment, la tournée nord-américaine avec Pisapia et le Siss Boom Bang ne compte pas d'arrêt au Québec. Mais notez qu'elle donnera un spectacle extérieur gratuit au festival Luminato de Toronto, le 17 juin, 20h. Sous les étoiles, Elvis sera de retour. C'est quand déjà, le Festival de jazz de Montréal?

FOLK K.D. LANG AND THE SISS BOOM BANG SING IT LOUD NONESUCH RECORDS En magasin mardi