Un an après avoir lancé son album solo Terra Incognita, la chanteuse et actrice californienne Juliette Lewis s'amène en spectacle à Montréal, ce soir, au Cabaret du Mile End. Entrevue avec une artiste qui fait des choix par vocation et non pour plaire au public.

Elle aurait pu être sur un tapis rouge ou sur un plateau de cinéma, mais quand nous avons parlé avec elle cette semaine au téléphone, Juliette Lewis était dans un camion entre London et Waterloo, en Ontario. «Je vais dans des villes canadiennes où je ne suis jamais allée», se réjouissait l'artiste, qui aime sincèrement son métier de chanteuse et la vie de tournée sur la route.

Il y a des actrices qui se mettent à la musique par opportunisme ou pour se faire plaisir. Mais après trois albums et deux EP, Juliette Lewis suit sa voie artistique rock'n'roll et elle n'a plus rien à prouver. Et si celle qui a assuré les premières parties des Foo Fighters, The Killers, The Pretenders, Muse et Cat Power fait de la route parsemée de Tim Hortons de ville en ville, c'est qu'elle tient à monter sur scène. «J'ai un super groupe de tournée. The journey is fun», dit-elle.

En entrevue, l'artiste est sympathique et elle est entièrement disposée à parler de sa musique. Et en entendant «hi, it's Juliette» avec sa voix suave et au ralenti, pas de doute que c'est l'actrice de Natural Born Killers et Kalifornia qui est au bout de fil.

Sur scène, Juliette Lewis est à l'image de certains rôles qu'elle a tenus: elle a une énergie brute et ses performances exaltées frisent la folie. «Je veux toujours créer des spectacles artistiques très forts, explique-t-elle. J'aime aussi l'idée de réunir des gens de toutes les classes sociales et de tous les groupes d'âge. Il y a quelque chose de gratifiant.»

Pour Juliette Lewis, ce n'est pas la scène mais l'écriture des chansons qui est l'étape la plus difficile. Elle a écrit celles de son dernier album, intitulé Terra Incognita, sans son ex-groupe The Licks, de qui elle s'est séparée. «Avec The Licks, nous avions un son plus musclé et plus ra-ra-ra, explique-t-elle. Pour Terra Incognita, j'ai écrit la plupart des chansons piano-voix. Il y a plus d'émotions dans les mélodies.»

C'est le guitariste Omar Rodriguez-Lopez du groupe Mars Volta qui a réalisé l'album. «Je l'ai rencontré au festival de Fuji au Japon, raconte l'artiste brunette de 37 ans. Je pensais qu'il allait avoir un préjugé envers moi, mais non. Nous parlions de musique de façon similaire. J'étais nerveuse avant de lui jouer mes chansons, car c'est un génie musical, mais tout s'est bien passé.»

L'album ne s'intitule pas Terra Incognita pour rien. «J'explore des sonorités plus profondes, indique la chanteuse. Je voulais plus d'espace dans ma musique.»

Un riff de son ami Chris Watson lui a inspiré la douce et belle chanson Hard Lovin' Woman. «J'avais toujours voulu chanter une chanson blues», souligne-t-elle.

Sinon, Juliette Lewis suit les traces de Patti Smith et PJ Harvey. À notre avis, cela vaut toutefois davantage la peine de la voir sur scène que de l'écouter sur disque. Intensité garantie ou argent remis.

Rôles à venir

Si l'artiste se consacre entièrement à sa vie de chanteuse, elle n'a pas délaissé son métier d'actrice. Elle a des rôles dans deux films qui prendront l'affiche au cours des prochains mois: la comédie de Todd Philips Due Date - mettant en vedette Robert Downey Jr. -, et le film Conviction de Tony Goldwyn.

«La musique, c'est beaucoup de travail car je porte beaucoup de chapeaux: la chanteuse, l'auteure, la productrice... Maintenant, quand je travaille sur un film, c'est un luxe car je n'ai qu'une chose à faire», dit-elle.

Juliette Lewis est en spectacle ce soir au Cabaret du Mile End.