Ancien chanteur et leader de Louise Attaque et de Tarmac, Gaëtan Roussel a lancé au début du mois de mars son premier album solo, Ginger, étonnante fusion d'une franche chanson pop et d'un son dance-punk. Un des meilleurs albums franco-français de l'année.

C'est l'heure de la pause pour Roussel, qui s'extirpe de son studio parisien pour faire une autre entrevue. Ça ne dérougit pas depuis la sortie de Ginger en France, le 8 mars: les plateaux télé le demandent, la tournée se prépare. «On va avoir la chance d'aller à droite et à gauche pendant la saison estivale, et on sera chez vous en juin» pour les FrancoFolies, confirme-t-il. Le Festival d'été de Québec serait aussi pressenti. «Si on va à Québec, ce sera un aller-retour très rapide.»

 

Ce disque va très bien vivre sur scène, on vous l'assure. Il est fait pour. Juste assez dansant pour entraîner les foules, il incarne aussi la pop française accrocheuse qui a jalonné la carrière de Roussel depuis ses débuts avec Louise Attaque, il y a plus de 15 ans.

Tout de même, on ne s'attendait pas à un tel disque de sa part. Une réalisation sur laquelle plane l'influence du Britannique Tim Goldsworthy, dont la touche a marqué la pop des années 2000, lorsque le son dance-punk est devenu populaire. «Je préfère dire disco-punk», corrige Gaëtan Roussel.

«À aucun moment je n'ai cherché à rompre avec ce que j'ai fait, explique-t-il. J'ai seulement essayé d'ouvrir des portes musicales.»

Du côté de New York

Volonté de changer d'air, d'aller voir ailleurs, du côté de New York. «J'ai enregistré des bouts de l'album là, j'y ai retrouvé Tim, qui était encore à Brooklyn (Goldsworthy a depuis quitté DFA Records pour retourner à Londres). J'ai aussi rencontré Renee Scroggins», l'une des trois soeurs chanteuses du groupe culte proto-rap/new wave E.S.G., qui pose sa voix ambrée sur deux chansons de Ginger.

«Il y a quand même beaucoup de Paris dans ce disque, poursuit le musicien, mais un Paris vu d'outre-Atlantique, si je peux dire. Certains des musiciens et des réalisateurs sont français. Je me suis inspiré de New York, mais j'ai surtout voulu réinterpréter ces sons à notre manière.» Roussel, le Charlélie Couture de notre époque? Rires: «Je ne connais pas bien Charlélie Couture, mais je prends ça comme un compliment!»

Le travail de Ginger a débuté à l'été 2008, quelques mois après la sortie de Bleu pétrole, ultime album de Bashung pour lequel Roussel a composé ou coécrit six chansons (dont Résidents de la République). D'abord avec Joseph Dahan, «mon acolyte côté musique», bassiste de la Mano Negra qui cosigne toutes les musiques. «C'est un disque qui s'est construit par touches et par couches.»

Collaborations enrichissantes

La réussite de Ginger tient d'abord au fait que ses chansons sont habilement écrites. De belles histoires comme Roussel sait les écrire, portées par des refrains simples, souvent chantés en anglais - les titres des chansons sont Clap Hands, Help Myself, Inside/Outside... «Sauf que tout ce que je chante, moi, est en français. Les invités sont là pour les refrains.» Madame Scroggins, par exemple, que Roussel a dû aller voir chez elle, à Atlanta, pour la convaincre de participer à l'album. «Je suis fan d'E.S.G. depuis des années. J'avais vraiment envie de travailler avec elle.»

Roussel s'est non seulement approprié le son dance-punk, mais il est aussi parvenu à ne pas faire de Ginger un disque dépassé, «millésimé 2004», disons, lorsque ce son était à la mode.

«Il ne faut pas aller en studio et demander à quelqu'un de refaire ce qu'il a fait pour d'autres, commente Roussel. Je ne voulais pas d'un disque disco-punk, ce n'est intéressant pour personne. Par contre, tous ces gens qui ont collaboré au disque - dont Eric Broucek, de Juan McLean et!!! - arrivent avec leur bagage, leur histoire, et ça nourrit le travail. C'est là où ça devient intéressant: être en contact avec ces gens qui ont leur façon de faire.»

Le résultat, au risque de nous répéter, est épatant.

CHANSON

GAËTAN ROUSSEL

GINGER

UNIVERSAL