Déjà, l'été dernier, sur scène, aux FrancoFolies de Montréal, c'était clair: oui, les trois gars de Radio Radio ont un accent de la Nouvelle-Écosse et chantent leur hip hop notamment en chiac (le dialecte acadien), mais ce n'est franchement pas pour ça qu'ils sont le plus remarquables. C'est parce qu'ils sont solides, mélodiques, sensuels, profonds et drôles tout à la fois. Toutes qualités qu'on retrouve justement sur leur deuxième CD, Belmundo Regal.

Par où commencer? Par Jacobus (Jaques Doucet) qui explique que le son sensuel, funk, groovy et chaud du hip hop de Belmundo Regal est notamment dû au fait que le trio habite désormais Outremont et que «c'est pour ça que l'album est beaucoup plus smooth, parce qu'il fallait chuchoter pour que la voisine en dessous soit pas dérangée» ? Par Tekstyle (Gabriel Malenfant), qui déclare avec un beau sourire «L'Acadien, pour tout le monde, c'est jamais un homme, c'est la Sagouine, faque c'est pour ça qu'on a mis beaucoup de trompette sur le disque, on trouvait que ça faisait plus «régal», plus mâle» ? Ou par Leks (Alexandre Bilodeau), qui déclare que le premier album du groupe, Cliché Hot, «était un pitbull, que Belmundo Regal est un tigre blanc et que le troisième disque, en 2012, sera une licorne» ?

 

Ils sont profondément cool, les gars de Radio Radio, même s'ils viennent à peu près de se lever et que les entrevues se succèdent. Ils parlent à trois, mêlent anglais et français, en rajoutent un peu sur l'accent néo-écossais parce que ça fait plaisir aux journalistes montréalais, mettent leurs lunettes de soleil, enlèvent leurs lunettes de soleil, utilisent partout le mot «régal» (qui semble vouloir dire cool, affirmé, viril, ça dépend du contexte), rigolent, parlent de la musique black, du jazz et de la soul qu'ils se sont mis à écouter, de l'influence de Queen («un groupe «larger than life», tu comprends») et de leur amour pour... Kenny G. à qui ils consacrent une chanson, du goût de l'élégance qui leur est venu au fil des ans, de la rencontre avec un certain Belmundo qui les aurait inspiré pour leur nouvel album, du fait qu'ils sont désormais une unité, sans «frontman» et heureux....

C'est Tekstyle qui lance: «On a décidé de valoriser la joie, ce qui ne se fait plus beaucoup depuis la Compagnie créole, tu trouves pas?» C'est justement ce qui se dégage de tout l'album: une espèce de joie de vivre profonde, quasi animale, où les beats appuient des textes qu'il nous faudra cinq ans à comprendre, tant ils sont denses... et dance. Tenez, Guess What?, avec son côté James Brown qui rencontrerait les Bee Gees: il y est question d'un gars qui se dit qu'il est peut-être gai puisqu'il «a une collection de bas», qu'il écoute du jazz pendant qu'il est en train de «cooker» et qu'il a un «way de danser» particulier - ainsi qu'une blonde. «On a voulu se réapproprier le terme «gai», qui est devenu un synonyme d'homosexuel, mais qui dans le fond convient à tout le monde qui a la joie de vivre, le goût du party, c'est un beau mot, gai...» explique Jacobus.

Pour expliquer le départ de leur ex-partenaire Timo, Tekstyle a une image étonnante: «C'est comme un serpent qui doit changer de carapace parce qu'il grandit: c'est pas parce qu'il l'aimait pas, sa vieille carapace, qu'il la laisse, c'est parce qu'il le faut.» Et pour expliquer la prévente sur l'internet du Belmundo Regal, avec des forfaits hilarants comme un «album signé et parfumé» ou un «livre de cuisine maison Recettes et cocktails favoris de Radio Radio (et autres suggestions de style de vie)», ils expliquent que c'est important parce qu'à Meteghan River, d'où vient Leks, et à Grosse-Coque, dont est originaire Jacobus, ben, il n'existe pas vraiment de magasin de disques. «Tu vois, y a bien du monde qui dit que les valeurs se perdent, conclut Tekstyle. C'est pas vrai: le «sharing», le partage, que ce soit de fichiers ou d'informations, c'est une nouvelle «vieille valeur» que nous, on aime. Pas toi?»

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