Quand j'ai vu que l'album Nouvelle Vague 3 contenait une version de The American du groupe écossais Simple Minds - MA chanson pendant ma période new wave, bien avant le succès commercial de Don't You Forget About Me -, je me suis garrochée dessus... et je n'ai pas été déçue: les voix féminines caressantes et suaves de NV sont toujours de la partie, mais, surprise, les arrangements sont plutôt indie-électro, et non bossa-nova (qui signifie nouvelle vague et new wave en portugais brésilien).

«Vous savez, je me suis battu pour que The American figure sur l'album, explique avec chaleur Olivier Libaux, c'était un pur fantasme pour moi, j'ai adoré cette chanson, nous sommes au moins deux à être heureux!»

Quelques duos étonnants

On doit être plus que deux. En effet, ce troisième album d'un groupe qui a pris le monde au dépourvu en 2004 avec ses reprises de succès new wave (de 1977 à 1983) à la sauce bossa-nova compte un certain nombre de réussites, avec une pointe d'originalité absente du deuxième disque et surtout avec quelques duos étonnants. Les voix de Melanie Pain (NV) et Ian McCulloch, leader de Echo and The Bunnymen, se mêlent naturellement sur All My Colours. L'humour est très nettement perceptible dans la version de Master and Servant, où Martin Gore de Depeche Mode lui-même chante avec Melanie. Et puis, Barry Adamson du groupe Magazine qui reprend sa propre Parade avec une férocité souriante, ça vaut le coup.

«Je crois que notre deuxième disque semblait trop être la suite du premier, convient Libaux, lui-même auteur-compositeur. Cette fois-ci, nous avons enregistré l'album beaucoup plus tard, après avoir donné énormément de spectacles. Cela nous a sortis de notre zone de confort. Et permis de réaliser à quel point nous avions fait le tour de la bossa nova et des rythmes latins en général. En fait, je crois que c'est la mélancolie qui lie tout ce que nous avons fait depuis les débuts, même si c'est parfois une mélancolie souriante, qu'elle soit bossa ou folk.»

«La bossa-nova, ça a été un hasard, reprend-il. Ça remonte à 2003, on ne s'appelait même pas Nouvelle vague. Pour un projet, j'ai accompagné à la guitare une chanteuse brésilienne qui chantait, sans en comprendre un mot, Love Will Tear Us Apart de Joy Division. Elle a dit que la musique lui rappelait celle de son pays et voilà comment tout cela est parti: une chanson new wave, une voix féminine et une bossa-nova!»

Et c'est parti très sérieusement: en 2004, le groupe (dont faisait partie Camille, à l'époque) a vendu pas moins de 500 000 exemplaires de son premier disque, un peu partout dans le monde... et donné naissance à une kyrielle de groupes qui ont copié plus ou moins sa formule.

«Mais à partir du deuxième album, reprend Libaux, on a appris entre les branches que les membres de The Cure aimaient beaucoup ce qu'on avait fait de A Forest, que Martin Gore trouvait super notre version de Just Can't Get Enough, même chose pour Echo&The Bunnymen, Killing Joe et même The Dead Kennedys! Alors, certains d'entre eux ont proposé de venir chanter avec nous pour le troisième album. C'est quand même rare, des artistes originaux qui reprennent, 30 ans plus tard, leurs propres chansons en compagnie d'un groupe d'olibrius, non?»

Place au troisième album

En août dernier, Nouvelle Vague est venu présenter un spectacle conçu expressément pour les FrancoFolies de Montréal, constitué de reprises de succès français à la sauce Nouvelle Vague.

Cinq mois plus tard, soit mardi, dans une salle intime, il y aura très peu de chansons en français au programme pour plutôt laisser place au troisième album: «Et nous serons avec de nouvelles chanteuses, précise Libaux. Comme Mélanie Pain est enceinte de sept mois et que Nadeah Miranda travaille à son album solo, nous avons invité Helena Noguerra (chanteuse, comédienne... et ex-femme de Philippe Katerine) ainsi que Karina Zeviani (qui reprend très joliment Heaven de Psychedelic Furs sur l'album) à se joindre à nous. Je crois qu'une fois de plus ça va donner un spectacle où se mêleront la légèreté et les ténèbres absolues!» conclut-il avec enthousiasme.

Nouvelle Vague à l'Astral, le 26 janvier, 20h.