Les guitaristes aussi ont leurs guitar heroes, même s'ils ne s'entendent pas toujours sur le sens de cette expression. Nous en avons sondé quatre parmi les plus en vue au Québec.

> STEVE HILL

En plus de se consacrer au blues, Steve Hill a joué avec Éric Lapointe, Jean Leloup, Nanette Workman et Michel Pagliaro. «En trois ans sur la route avec Pag, t'en apprends pas mal plus qu'à Star Académie», lance-t-il en riant. Au Festival de jazz, il se produira avec son groupe The Majestiks (le 6 juillet, sur la scène Loto-Québec, à 21h, et à l'Astral, à minuit). Son nouvel album, The Damage Done, sera en magasin le 7 juillet.

 

LP: Qu'est-ce qu'un guitar hero?

SH: Un personnage plus grand que nature dont tu reconnais tout de suite la voix, comme si c'était une chanteuse. The Edge en est un. Regarde les bands qui marchent (The Killers, Kings of Leon), ils ont été inspirés par The Edge. Un guitar hero n'est pas forcément flamboyant: Albert King faisait un solo de trois notes qui durait toute une veillée. Kurt Cobain n'était pas un grand guitariste, mais je suis convaincu que des millions de jeunes des années 90 ont commencé à jouer de la guitare à cause de lui.

LP: Que pensez-vous de Jeff Beck?

SH: Le plus grand guitariste encore vivant, le guitar hero des guitar heroes! Personne n'a réussi comme lui à faire chanter une guitare; tu entends une note de Jeff Beck et tu sais tout de suite que c'est lui. J'ai acheté mon premier album de Jeff Beck, Truth, à 13 ans. Je l'ai encore écouté avant-hier. Je suis tellement content qu'il vienne, d'autant que je vais faire sa première partie à Québec, le 9 juillet.

LP: Êtes-vous un guitar hero?

SH: Sur Facebook et MySpace, beaucoup de gens m'écrivent pour me dire ça. Quand je change de guitare, ils sont plusieurs à acheter le même modèle! C'est comme dans le sport, on passe le flambeau (rire), on apprend de celui qui nous précède et le suivant pousse ça plus loin.

LP: Votre top 5 des guitar heroes?

SH: Jimi Hendrix, Jeff Beck, Jimmy Page, Eric Clapton et Angus Young.

> MICHEL CUSSON

Révélé comme guitariste du groupe de jazz fusion UZEB, Michel Cusson s'est surtout consacré ces dernières années à la musique de spectacle, de télé et de film (Contes et légendes fantastiques, Omertà, Maurice Richard) et à la réalisation (Térez Montcalm, Patricia Kaas). Il prépare un retour sur scène.

LP: Qu'est-ce qu'un guitar hero?

ML: Quelqu'un qui inspire la foule et qui pousse les musiciens à jouer, à rêver, à tripper. Si je joue de la guitare aujourd'hui, c'est un peu à cause de Jimmy Page, de ses riffs. Des gars comme Joe Satriani sont des vrais de vrais guitar heroes qui cultivent une image d'icône du rock. Pat Metheny est un guitar hero lui aussi; il a amené la guitare tellement loin, mais il n'est pas fou non plus: il sait comment se vendre, comment perpétuer son mythe.

LP: Que pensez-vous de Jeff Beck?

ML: Beck est un bon exemple de guitar hero. Il est tellement bon, il a tellement de goût. Avec lui, la musique est bien présente, le show passe en deuxième. Beck est resté très actuel. Il n'a jamais joué un million de notes; celles qu'il joue sont bien senties. C'est tout à son honneur.

LP: Êtes-vous un guitar hero?

ML: Je ne me considère pas comme un guitar hero, mais je reçois des courriels de gens que j'ai inspirés et qui se sont mis à faire de la musique. Je suis fier de ça. Ma page MySpace est bourrée de fans italiens et français. Sortir du Québec pour un musicien, ce n'est pas facile: on n'a pas René Angélil avec nous. Les autres se disent peut-être que si je l'ai fait, c'est possible.

LP: Votre top 5 des guitar heroes?

ML: Jimmy Page, Jeff Beck, The Edge, Pat Metheny et Stevie Ray Vaughan.

Mention spéciale: Paco de Lucia. Je le trouve extraordinaire, mais il est hors d'atteinte, il vit sur une autre planète.

> STÉPHANE DUFOUR

Stéphane Dufour a été pendant 13 ans le guitariste d'Éric Lapointe. Il vend lui-même son dernier album sur son site internet (stephanedufour.com). On pourra le voir à la fête du Canada dans le Vieux-Port et en première partie d'Éric Lapointe à Québec en août. Mais pas au Festival de jazz, ce qui l'irrite au plus haut point: «On m'a répondu que même si la palette du jazz est très grande, je ne fitte pas dans le festival. C'est quasiment baveux!»

LP: Qu'est-ce qu'un guitar hero?

SD: Quelqu'un qui fait quelque chose qui t'accroche l'oreille. Le guitar hero, c'est la musique avant tout, pas l'attitude ou le look. Ce n'est pas parce qu'un gars boit ou fait de la poudre qu'il a une attitude rock 'n roll, c'est plutôt une attitude de deux de pique! Un guitar hero, c'est un virtuose comme on dit d'un violoniste en musique classique.

LP: Que pensez-vous de Jeff Beck?

SD: Hallucinant! Il a toujours été un de mes guitaristes préférés. Il y a des guitaristes dont je ne veux pas savoir comment ils font leur affaire tellement c'est magique. Beck est de ceux-là.

LP: Êtes-vous un guitar hero?

SD: Les guitar heroes ailleurs se promènent tous en Ferrari avec leurs verres fumés, pas moi! Ici, un guitar hero, c'est quelqu'un qui crève de faim, un guitar zero! Je suis gâté par le public qui m'envoie des courriels tous les jours, qui me demande quand je vais jouer, mais je fais peur à la business.

LP: Votre top 5 des guitar heroes?

SD: Jimi Hendrix, Eddie Van Halen, Alan Holdsworth, Brett Garsed (un Australien qui a joué avec John Farnham et le groupe Nelson) et Guthrie Govan (un Britannique ex-membre d'Asia, dont le groupe s'appelle Erotic Cakes).

> OLIVIER LANGEVIN

Du groupe Galaxie 500, il a aussi joué avec Mara Tremblay, Fred Fortin, Vincent Vallières. Au Festival de jazz, il sera du Large ensemble de Dan Thouin (l'Astral, le 3 juillet, 18h) et jouera avec Jocelyn Tellier (à la Cinquième salle de la PdA le 4 juillet, 22h.)

LP: Qu'est-ce qu'un guitar hero?

OL: Quelqu'un qui transporte la guitare, un jedi ou un ninja de la guitare. Tu peux faire des sparages tant que tu veux, si ton jeu ne suit pas, tu ne seras pas pris au sérieux. Pas nécessaire qu'il soit super habile techniquement, il peut faire ressentir des choses avec une note.

LP: Que pensez-vous de Jeff Beck?

OL: C'est un peu lui qui a fait le pont entre les guitaristes du milieu des années 60 et la vague qui a suivi, Eddie Van Halen et les autres. Il s'est développé énormément et est devenu un guitariste hyper performant dans les années 70. Comme John McLaughlin, il n'a jamais ralenti son apprentissage. J'ai l'impression qu'il travaille beaucoup sa guitare.

LP: Êtes-vous un guitar hero?

OL: Je l'entends dire tellement souvent, je ne peux pas y échapper. Mais j'ai toujours aimé ce côté-là de la guitare, donc je m'en porte bien, même si je trouve ça drôle et ironique.

LP: Votre top 5 des guitar heroes?

OL: Jimi Hendrix, Robert Fripp, John McLaughlin, Bill Frisell et Jonny Greenwood.  

Quel est votre top 5 des guitar heroes?



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