Dix ans de Montréal Guitare Trio, alias MG3, seront commémorés demain au Gesù. Relativement peu connus ici, ces musiciens gagnent pourtant bien leur vie... à l'étranger. Pas moins de 80% de leurs concerts sont donnés hors du Québec.

Trois albums, des salles pleines en Occident comme en Océanie, des auditoires de festivals internationaux, voilà la décennie qui se boucle pour Glenn Lévesque, Sébastien Dufour et Marc Morin.

 

Les deux tiers de MG3 se présentent à l'interview, et se prêtent cordialement au rattrapage. Ils auraient raison de faire la gueule, pourtant. Or, une décennie de (presque) mise en veilleuse, il semble que ça se pardonne...

«Nous nous sommes connus à la faculté de musique de l'Université de Montréal, nous étions tous trois étudiants en guitare classique», amorce Sébastien.

«Ce furent de très bonnes années, enchaîne Glenn. Nous avons fait la fête ensemble, nous sommes devenus de bons chums. Et puisque nous avions des idées musicales relativement similaires, nous avions décidé de fonder ce trio.»

Aucun des trois guitaristes, en fait, ne voulait se lancer dans la guitare classique. Ils ont plutôt choisi la route qu'ont empruntée d'autres ensembles ouverts à une approche plus éclectique, tel le California Guitar Trio.

«Le répertoire classique, soulève Sébastien, a été joué par les plus grands; John Williams, c'est encore imbattable. Alors pourquoi faire ce qui a été fait? C'est aussi une question d'intérêt; nous sommes passés par les études classiques, mais notre démarche nous a permis d'aller plus loin.»

«Ce qu'on voulait faire, poursuit Glenn, c'était un mélange de nos goûts, une approche multi-genres qui toucherait à la musique classique, le flamenco, les musiques de films, les musiques du monde, la pop, etc. On voulait aussi jouer d'autres instruments à cordes, mandoline, basse acoustique, charango, accordéon diatonique, etc. C'est une direction qu'on a toujours voulu prendre, cet amalgame est assumé.»

Un nouveau son

Sébastien rappelle que le nom du Montréal Guitare Trio s'est transformé en acronyme (MG3) en 2007. «Ça coïncidait alors avec ce sentiment qu'un nouveau son avait été créé. Nous avions fait beaucoup d'explorations; dans les arrangements, dans les manières de nous accorder, de faire ressortir la dimension percussive de nos instruments, en donnant un vrai spectacle. Il y a quelque chose de très énergique, donc de très visuel dans ce qu'on offre.»

Ils citent Alvaro Pieri, Jérôme Ducharme, Rémi Boucher, le groupe Forestare...

«La guitare est extrêmement présente au Québec», fait observer Glenn, non sans fierté. «De très bons guitaristes, il y en a beaucoup, mais encore faut-il être capables de rassembler le monde. Proposer quelque chose d'original», de nuancer Sébastien. Glenn de renchérir: «Il y a la discipline, le talent, mais il y a aussi l'organisation et le téléphone!»

Et il y a le marché dans lequel MG3 doit se dépatouiller. Glenn explique: «Nous réussissons à l'étranger, mais nous avons encore du mal à faire notre place au Québec. Lorsque nous avons joué une fois à Montréal, une fois à Québec et quelques autres dates, il nous faut aller ailleurs, c'est-à-dire donner plus de 80% de nos concerts à l'étranger. La vie de tournée, vous savez, ce n'est pas toujours rose. On ne se plaint pas, mais ça prend du nerf. Alors on ne part jamais plus d'un mois à la fois. De temps à autre, nos proches viennent nous rejoindre...» Ainsi va la vie chez MG3.

Pour fêter ses 10 ans, le trio se produit demain soir, au Gesù. Au programme: musiques originales, musiques du monde, musiques de Bernard Hermann (Psycho), Danny Ellfman (The Simpsons), François Dompierre, Ennio Morricone, Astor Piazzolla, Egberto Gismonti, Giaocchino Rossini, les Beatles, on en passe.

«Pour ce concert, résume Glenn, on a voulu constituer un répertoire autour de nos trois albums. On se paie un trip sur scène, on en fera un DVD. Après quoi on fermera définitivement la porte sur cette période, on passera à autre chose. Nouveau spectacle, nouvel album, répertoire renouvelé.»

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MG3, en concert demain, 20h, au Gesù.