On l'avait d'abord remarquée aux Brit Awards, on savait qu'elle avait été mise en nomination pour le Mercury Prize de 2008. Adele est ensuite venue donner une performance éclair au Cabaret du musée Juste pour rire. En juin, elle revenait au Théâtre Outremont, au grand plaisir de ses fans déjà plus nombreux. Le 8 février 2009, la jeune Anglaise entonnait Chasing Pavements aux Grammy Awards, où elle avait été mise en nomination pour quatre statuettes. Elle y remportait le Grammy de la catégorie « meilleur nouvel artiste «.

Mardi prochain, le Métropolis accueillera cette douée chanteuse à voix, férue de soul, grande fan de brit pop, de surcroît auteure-compositrice-interprète.

 

Petite vie tranquille, Miss Adele?

«Je n'y pense pas trop», répond-elle de son fort accent cockney. Je suis très occupée et j'essaie de garder mon calme dans l'oeil de la tempête. Je suis le courant... Bien sûr, si je m'éloignais trop longtemps de chez moi, de ma famille et de mes amis, je deviendrais dépressive. Mais... monter sur scène me procure les plus belles émotions, ça préserve ma bonne humeur et mon équilibre.»

Adele, a-t-on saisi, n'a pas terminé sa lune de miel avec le showbiz.

«Je me sens choyée de faire partie de cette communauté. Je l'ai réalisé aux Grammys, une des soirées les plus bizarres de mon existence. À peu près tous les artistes que j'écoute depuis ma naissance y étaient présents. J'étais en nomination à la plus prestigieuse des célébrations de l'industrie de la musique. It blew my mind!» confie cette artiste de Brixton, pétrie dans la classe moyenne et propulsée au firmament de la pop en moins d'une paire d'années.

Ainsi donc, Adele était sortie de cette charmante soirée comme on sort d'un Jean-Coutu... Avec de nouveaux amis! «Alison Krauss et Robert Plant ont été adorables avec moi. Katy Perry a été vraiment cool. J'ai fait la connaissance de Taylor Swift, Justin Timberlake et plusieurs autres.»

Franc-parler

Bien qu'elle soit encore éblouie par ce rêve devenu réalité, la jeune femme n'a pas changé d'attitude depuis qu'on l'a interviewée, une année plus tôt.

«Je suis pop, mais je n'ai rien à voir avec Katy Perry et Justin Timberlake. Je ne fais pas non plus dans la dirty pop comme Britney Spears, je n'ai pas non plus le style des girl bands ou les boy bands. En fait, je n'arrive pas vraiment à me situer. Je ne tiens pas à le faire, d'ailleurs.»

Non, Adele n'est pas non plus la version propre d'Amy Winehouse, étiquette que ses détracteurs aimeraient bien lui coller. Pour tout vous dire, elle a un franc-parler qui rappelle davantage Ginette Reno que Barbra Streisand. Elle fume la cigarette, et ne s'en cache pas. Elle confie aimer avoir un léger buzz d'alcool lorsqu'elle enregistre tard le soir. On imagine le reste. «Je ne ressens presque pas de stress en studio alors que je suis très nerveuse avant de monter sur scène. On reçoit toute une décharge électrique lorsqu'on chante devant de vastes auditoires, vous savez.»

Adele aime les grandes chanteuses de jazz (Billie, Sarah, Ella), elle adore les voix puissantes et éraillées du R&B, à commencer par Dinah Wahington et Etta James, son idole absolue avec qui elle chantera en juin prochain au Hollywood Bowl. Parmi les artistes émergents qui jouent dans son iPod, elle cite Bon Iver, Santogold, Neko Case, Terri Lynn, Kings of Leon... Elle ne fait pas un credo de ses goûts pour autant.

«Katy Perry aime Madonna, j'aime des chanteuses qui pourraient être mes grands-mères... Chacun suit sa voie», résume-t-elle poliment.

Adele s'est mise à la tâche pour créer son deuxième album.

«Je commence à ressentir l'urgence, car je chante encore des relations intimes qui se sont terminées il y a quelques années. Il m'importe de témoigner du présent, de ce que je vis aujourd'hui. En attendant, mon spectacle grandit, il est beaucoup mieux rodé qu'il ne l'était l'an dernier.»

Comblée par sa destinée, la nouvelle star préconise néanmoins une «progression naturelle» de sa carrière.

«Je n'ai pas grand-chose à voir avec la mode. Je peux monter sur scène en jeans et en t-shirt. Je ne suis pas un «personnage», je veux rester proche de mes fans plutôt que de m'en éloigner. Je suis tout simplement une chanteuse qui espère durer.»

Adele, en spectacle au Métropolis, le 28 avril, 20h.