Qui est-ce qui tourne sur des radios canadiennes, australiennes, néo-zélandaises, polonaises, italiennes et françaises, mais nulle part sur les ondes québécoises ? Michel Russell, auteur-compositeur-interprète pop-rock de Québec.

L'artiste a eu l'idée de faire entendre son quatrième disque, Les trois hommes, sur un site internet réservé aux radios (www.radiodirectx.com). Depuis, plus d'une vingtaine de stations dans le monde et une cinquantaine dans les Maritimes ont intégré des chansons de Russell à leur programmation musicale.

 

«C'est trippant de savoir que ma musique voyage, mais ça me laisse avec un fond de tristesse aussi: nul n'est prophète en son pays...» déplore-t-il.

Ça fait 20 ans que Michel Russell roule sa bosse dans le métier et 20 ans que le succès lui fausse compagnie dans son pays. Dans les années 90, quelques-unes de ses chansons ont joué sur les radios d'ici, mais sa carrière musicale tarde à prendre son envol. Pourtant, sa feuille de route est bien garnie. Il a assuré les premières parties des Respectables, de France D'Amour, de Robert Charlebois, de Paul Piché, de Laurence Jalbert et même de Kenny Rogers à Beauceville l'été dernier.

«Au plan de la performance sur scène, je pense qu'on est solides; j'ai pu faire beaucoup de spectacles dans les festivals en disant aux programmateurs que s'ils n'aimaient pas ça, ils ne me paieraient pas. Les festivals servent aussi à faire découvrir des artistes», plaide-t-il.

Le showbiz n'a jamais apporté à Michel Russell de pain sur la table. Aussi, il a fondé une entreprise de conception et d'impression de documents qui lui permet aujourd'hui de mener sa carrière d'artiste de manière totalement indépendante.

Son quatrième disque est celui de sa résurrection. En 2005, Russell a été forcé de prendre sa retraite du chant à cause d'une hémorragie cérébrale.

«Je n'avais plus la même voix, elle était fatiguée. Chanter était un combat, j'étais comme pris dans le béton. J'ai consulté en ORL. Mes cordes vocales ne fermaient plus et il n'y avait rien à faire. Mais c'est revenu avec le temps», raconte-t-il, soulagé.

Les trois hommes, il l'a fait sans aide et sans attente. Il n'a pris contact avec aucune maison de disques. Si l'une d'elles lui faisait de l'oeil aujourd'hui, il serait ouvert à la discussion, mais pas question d'aller à la pêche et d'attendre. Après tout, Russell est un entrepreneur.

«Ce disque, je l'ai fait pour me faire plaisir. Sans penser à la radio. Il y a des tounes de cinq minutes là-dedans et j'ai vraiment eu du plaisir à les faire avec mes musiciens.»

Maintenant, pour prolonger le plaisir, il y a l'espoir que Les trois hommes mènent Michel Russell au voyage. La musique est partie, alors pourquoi pas le musicien aussi?