Les Charbonniers de l'enfer clôturent leur tournée À la grâce de Dieu en brûlant les planches de La Tulipe, les 26, 28 et 29 décembre. Un adieu pour mieux se retrouver dans deux ans, annonce André Marchand.

Si c'est durant la période des Fêtes que les Charbonniers offrent ces concerts, il s'agit un peu d'une coïncidence.

 

«On a toujours essayé d'arrêter nos tournées à la mi-décembre pour laisser la place aux groupes de party. On ne voulait pas créer de fausses attentes. Pour avoir fait partie de groupes qui ne faisaient que du festif, on sait qu'on ne correspond pas à cela», explique au téléphone André Marchand, ex-membre de La bottine souriante.

De toute façon, la foule de La Tulipe saura sûrement à quoi s'attendre. La podorythmie et les polyphonies a capella du quintette sont désormais bien connues et même célébrées, autant par les amateurs de musique traditionnelle que ceux de chansons plus modernes.

Les deux dernières années ont été particulièrement riches pour les Charbonniers. Après le disque et la tournée À la grâce de Dieu, les Charbonniers ont lancé une autre tournée avec Gilles Vigneault, dans laquelle ils s'appropriaient son répertoire. Ils ont aussi fait paraître cet automne le très beau disque La traversée miraculeuse avec La Nef. Deux projets qu'on n'entendra toutefois presque pas dans les trois dernières représentations à La Tulipe.

«On ne jouera qu'une ou deux pièces de Gilles Vigneault, prévoit André Marchand. La tournée avec lui, c'était vraiment un projet spécial. On s'est gratté la tête longtemps pour savoir comment adapter à la façon Charbonniers ses mélodies plutôt contemporaines et chromatiques. C'était un gros défi, et une expérience humaine incomparable.»

Et La Nef? «Pour l'instant, on ne prévoit pas intégrer ces nouvelles pièces au concert. Travailler avec eux, c'était vraiment plonger dans un autre univers. Nous, les autodidactes, et eux, les musiciens de formation classique. On entrait à l'église.»

Un nouvel invité surprise se joindra aux Charbonniers chaque soir à La Tulipe. Le chanteur-bassiste des défunts Groovy Aardvark, Vincent Peake (26), Pierre Flynn (28) et Karen Young (29) viendront chacun leur tour interpréter une ou deux pièces de leur choix des Charbonniers.

«Après, on hibernera au Québec jusqu'à la fin 2010, date prévue de notre prochain disque. Une tournée devrait suivre à l'hiver 2011. Ailleurs, on devrait toutefois être un peu plus actif.»

Le quintette pourrait se rendre à un festival de polyphonie en Corse. Un récent concert à New York, donné notamment devant des membres de la délégation du Québec, pourrait paver la voie à une petite tournée dans la région.

Prophètes dans leur pays

Mais il s'agit plus de l'exception que de la règle. «La plupart des groupes de musique traditionnelle doivent s'exporter pour vivre. Nous, c'est le contraire. On donne 95% de nos concerts au Québec», observe André Marchand.

Le «secret des Charbonniers pour exister», c'est de miser aussi sur leurs projets personnels, poursuit-il. Michel Faubert prépare un nouveau spectacle de contes, et André Marchand a fondé un nouveau groupe, Les Mononcles, avec Michel Bordeleau et Normand Miron (membres des Charbonniers) ainsi qu'un contrebassiste.

Le dénominateur commun de tous ces projets: une certaine perpétuation de la mémoire.

«Il y a un consensus parmi nous. Les chansons qu'on préfère, ce sont souvent les plus vieilles, avoue André Marchand. Une chanson tellement vieille qu'on ne peut en retracer l'origine, ça me fascine. On essaie de les garder vivantes. À cause de cela, certains voient dans notre travail une résistance culturelle. Mais personnellement, je ne me considère pas du tout comme un missionnaire. Si je joue cette musique, c'est par plaisir, simplement. Nos concerts bougent et sont remplis d'humour, vous verrez. Ça ne ressemble pas à un enterrement.»

Les Charbonniers de l'enfer, à La Tulipe les 26, 28 et 29 décembre, à 20h.