Sa voix est douce et posée à l'autre bout du fil. Serge Robert s'exprime éloquemment, avec un vocabulaire et une syntaxe impeccables. On a peine à croire que cet interlocuteur est celui qui vient de faire paraître Musique barbare avec le groupe métal Anonymus, un album au contenu pour le moins provocateur.

Provocateur? Outrancier? Carrément vulgaire, Mononc' Serge? Un titre comme Chaque salope cherche un gros cave et chaque gros cave cherche une salope donne une idée du discours de celui qui a développé son personnage et le ton de Mononc' Serge à la radio communautaire CIBL il y a un peu plus de 10 ans.

Le Montréalais s'inspirait de l'actualité pour concocter les chansons irrévérencieuses qui allaient lui procurer un premier contrat de disque, produisant Mononc' Serge chante 1997. D'autres albums ont suivi, jusqu'à une première collaboration avec la formation métal Anonymus en 2003. Le disque L'académie du massacre regroupait des versions heavy de chansons du répertoire de Mononc' déjà paru.

«Quand j'ai approché Anonymus pour un deuxième album, il n'était pas question de faire des reprises. On a évacué cette avenue rapidement», raconte Serge Robert en précisant que l'idée de réitérer la collaboration avec Anonymus avait été stimulée par les demandes répétées de ses fans.

«Quand j'ai commencé à rassembler des chansons en vue d'un nouveau disque, j'ai vu que je m'enlignais vers des chansons plus heavy. Je voulais un album homogène, une cohésion au niveau musical, je ne voulais pas mêler des chansons métal et d'autres plus acoustiques», explique Mononc' Serge en racontant le contexte dans lequel il a repris contact avec Anonymus.

Le métal en français de Musique barbare exprime entre autres la constatation qu'à Saint-Jérôme, il y a des femmes «pas pires» même si «y a ben du monde qui disent qu'icitte c't'une ville de minables, c'est plein d'losers» (Pas pire), trace un portrait de la consommation de drogues au festival Woodstock en Beauce (Woodstock en Beauce) et décrit (avec vocabulaire d'Église et images scatologiques) le sort réservé à un «rejet» (Le rejet, vous aurez deviné).

L'album contient aussi quelques titres témoignant de l'esprit d'autodérision de Mononc' Serge, comme la pièce titre, qui évoque les préjugés reliés à la musique métal et à ceux qui la jouent, Indigne, qui condamne ses propres propos («Je sais que mon oeuvre est plus susceptible de me faire admettre à l'aile de psychiatrie qu'à la faculté des lettres», chante-t-il), et Tout l'monde se crisse de Mononc' Serge, qui dédramatise son influence.

Mais pourquoi Serge Robert, qui fut bassiste pour Les Colocs de 1991 à 1995, continue-t-il de choisir la voie de la provocation et de la grossièreté? «Je ne le sais pas! J'ai du plaisir à faire ça et j'ai l'impression que je le fais bien. J'ai un côté provocateur mais avec beaucoup d'autodérision. Je ne pense pas que parce que c'est vulgaire ou scatologique que c'est forcément débile», répond-il.

«Dans la vie, je suis quelqu'un de relativement bien élevé, assez timide. Mais je n'ai pas envie de faire de la chanson polie. J'aime mieux faire une bonne toune de bière qu'une mauvaise toune pseudo songée», ajoute-t-il.