Contrairement à ses illustres amis James DiSalvio et Jean Leloup, l'auteur, compositeur, producteur et musicien E.P. Bergen n'a jamais vraiment cherché les projecteurs. Seize ans après avoir lancé son premier album éponyme sur l'étiquette TOX, le cofondateur de Bran Van 3000 revient pourtant à la scène en présentant Angelic Kingdom, un disque qui s'ennuie du bon vieux temps...

Pris dans ses pensées, celui qu'on surnomme Electronic Pierre se lance dans un long dithyrambe sur l'esprit originel des raves, sur cette époque hédoniste qui, bien que passée de mode, revient en douce. Mais si! assure Bergen, qui se dit en mesure de le constater lorsqu'il ressort ses classiques au bénéfice des clubbers dans un bar de son quartier.

 

«Finalement, lui lancé-je, vous faites un beau trio, DiSalvio, Leloup et toi «... Eric-Pierre Bergen acquiesce en mesurant l'étendue de son joyeux délire, affalé sur une chaise dans un resto branché de l'avenue Bernard, à Outremont, où il m'a donné rendez-vous.

Fondateur, avec James DiSalvio, du collectif Bran Van 3000, E.P. Bergen a concocté, dans un studio qu'il occupe toujours aujourd'hui - et qui a déjà servi d'appartement à DiSalvio et à Jean Leloup -, l'album Glee, qui l'a mené un peu partout dans le monde.

«Au moment où le succès est arrivé, nous avons tous été surpris. À l'origine, c'était très simple: on s'éclatait en studio, on faisait tout ce qu'on voulait, c'était la liberté totale. Notre seul critère: si c'est le fun, on le garde. On faisait des affaires tout croche, c'était parfait.»

Le clin d'oeil aux années Glee se place aussi sur Angelic Kingdom: la dernière chanson du disque s'intitule Couch Surfing @ Xmas, et repique la rythmique de la chanson originale. Bergen, avec cette voix suave qui habite tout l'album, y évoque de bons vieux souvenirs...

Nostalgique, Bergen? «C'est clair», répond-il. Chaque beat d'Angelic Kingdom, son nouvel album de dance pop sorti sur le label (en chantier) Bran Van Recordings, en témoigne.

Le musicien a en effet la nostalgie de ces années échevelées où Bran Van était maître du monde pop et où on prenait son pied dans un des after-hours du Montréal de la deuxième moitié des années 90. «C'est James qui m'a initié à ça grâce à sa famille et à leurs clubs. Le club Sona a été un endroit déterminant pour la «scène» et pour moi.»

La musique que propose Bergen évoque précisément cette époque où la house et la techno étaient la trame sonore officielle des nuits montréalaises.

«Je fais de la musique tout le temps», explique-t-il. De manière alimentaire d'abord: Eric-Pierre Bergen travaille principalement en publicité, signe des ritournelles que nous entendons tous les jours sans savoir qui les a composées. «Angelic Kingdom est une collection de chansons que j'ai composées au cours des trois dernières années. C'est un disque à écouter à la maison avant de sortir dans un club.»

La chanson titre, ainsi que Children of the Light, sont toutes récentes. Tout comme La honteuse riposte, une des pièces les plus réussies de cet album autrement inégal; une langoureuse piste musicale sur laquelle l'ami Leloup récite un texte noir - Jean Leloup prête aussi son talent sur Bar. B City en jouant de la basse. La chanteuse Stéphane Moraille de BV3000, qui vient d'ailleurs de lancer un album, collabore aussi à l'aventure.

«James et Jean m'ont beaucoup appuyé. Jean m'a donné l'élan pour sortir l'album et James m'a conseillé. Je lui faisais entendre des trucs par téléphone, il me donnait son avis...» Comme dans le bon vieux temps...