Où est Florence K, chanteuse, pianiste et auteure-compositrice? Pas mal partout, ces jours-ci: sur l'album de duos de Dan Bigras, sur le disque-bénéfice Piano féminin, sur scène avec sa tournée Bossa Blu terminée la semaine dernière, mais aussi en concert au Pérou avec sa mère Natalie Choquette il y a deux semaines ou avec son propre trio il y a un mois aux Bermudes... Ah oui, elle est aussi beaucoup et surtout sur son troisième album, La Historia de Lola.

Je ne sais trop pourquoi, mais on a tendance à oublier que Florence K vient tout juste d'avoir 25 ans. C'est pourtant une toute jeune femme qui lançait cette semaine son troisième album trilingue qui mêle bossa, pop, chanson française, etc. Et c'est cette toute jeune femme qui a tripé comme une malade il y a un mois à un spectacle de... Beyoncé! «Je donnais un spectacle au Festival de musique des Bermudes - sur la plage, devant 1500 personnes! - et on avait quelques jours de vacances après, explique Florence. Beyoncé donnait un spectacle au même festival, on décide donc d'y aller un peu à reculons - et j'ai eu tout un choc! En deux heures, j'ai tellement appris... Elle fait du scat, du reggae, du dance hall, elle a du groove, c'est une tigresse, elle prend sa place et l'assume! Je te jure, après le spectacle, je n'étais plus la même!»

 

Duo avec Lavilliers

Comme elle n'était plus la même après avoir vu Bernard Lavilliers en spectacle (Florence K a assuré la première partie du spectacle de Lavilliers au Zénith à quelques reprises cette année), tant l'intensité et la musicalité du monsieur l'ont impressionnée. Lavilliers, devenu un ami, a d'ailleurs profité d'un voyage à New York pour faire un détour par Montréal et venir y enregistrer un duo avec Florence, Et si jamais: «Je devais au départ chanter sa chanson Salomé, qu'il a écrite pour sa fille... Mais j'avais déjà Ma rose, écrite pour ma petite fille à moi (qui a maintenant deux ans), par ma tante Marie-Claude (Choquette), elle l'avait composée pour le baptême d'Aline... Bref, Bernard me dit qu'il aime bien Et si jamais et qu'il va travailler un peu la chanson: tout ce qu'il chante, c'est lui qui l'a écrit le soir même, à la veille de l'enregistrement!»

Ces spectacles marquants - auxquels elle tient qu'on ajoute celui donné par Paul McCartney pour le 400e de Québec - ne l'ont pas empêchée pour autant de passer l'année à écouter le disque du chanteur salsa Best of Hector Lavoe: «En fait, c'est parce que mon lecteur de CD dans ma voiture s'est brisé et c'est le seul disque qui pouvait jouer pendant quatre mois dans mon auto (rires), mais je ne me suis jamais, jamais tannée de l'écouter! C'est même ce disque qui m'a donné l'idée de départ de La Historia de Lola.»

Cubaine, le temps d'une chanson

L'idée de départ, c'était de raconter littéralement l'histoire de Lola, qui aurait été la femme d'un caïd de la drogue qui se fait descendre, et de la lutte de Lola pour conserver sa dignité et élever ses quatre enfants en dansant. C'est d'ailleurs ce que raconte la chanson titre de l'album, mais... «Mais j'ai réalisé que j'écrivais au moins autant ma vie que celle de Lola, que certaines chansons étaient trop personnelles. Une chanson comme Hija de Cuba (fille de Cuba) est sans doute inspirée par le fait que ma mère (Québécoise, mais fille de diplomates en constant déplacement) est arrivée ici à l'âge de 18 ans, après avoir voyagé partout, et que mon père (d'origine libanaise, mais qui a vécu en Égypte, en France, aux États-Unis), lui, y est arrivé à l'âge de 27 ans. Alors, je me permets d'être cubaine le temps d'une chanson.»

Pour cet album, Florence K a d'ailleurs beaucoup composé avec l'excellent Jesus Alejandro «El Nino», musicien, compositeur et arrangeur cubain exceptionnel qui vit à Montréal depuis 1997. Elle a aussi retenu les services de Nicolas Petrowski pour réaliser son album: «Nicolas avait travaillé avec Stefie Shock et Alfa Rococo, disons qu'on était deux opposés, dit Florence en riant. Mais c'est lui qui a réussi à donner une unité de texture à tous les genres musicaux que je pratique. C'est aussi ce qui m'a permis de me découvrir comme interprète.»

Car, à la suggestion de sa directrice artistique Anne Vivien, Florence reprend en effet deux chansons sur La Historia de Lola: rien de moins I'd Rather Go Blind, popularisée par nulle autre qu'Etta James, et Sailing, mégasuccès de Christopher Cross (en 1980) - et c'est très réussi! Toutes ces chansons, les siennes comme celles qu'elle vient de s'approprier, elle les chantera au Cabaret du Casino de Montréal en février 2009: «Et j'ai décidé qu'on allait donner au Cabaret du Casino un air de dancing cubain, une ambiance de ballroom à la Casino Royale!»