Malgré l'éloignement, les Mexicains de Montréal poursuivent la tradition de la fête des morts...

«Je ne sais pas si cette coutume intéresse encore les jeunes Mexicains. Aujourd'hui, ils sont plus nombreux à préférer l'Halloween. Mais pour nous, c'est important de montrer qu'elle est encore bien en vie...»

Manuel Escobar, membre du groupe folklorique Yohualichan, admet que la fête des morts est une tradition qui s'érode. À cause de l'éloignement, cela est encore plus évident à Montréal.

 

Déracinés, les immigrants mexicains oublient un peu de cette coutume ancestrale, qui se célèbre toujours début novembre. Sans compter qu'il est très difficile de trouver, au Québec, les objets habituellement utilisés comme «offrendas» (offrandes) pour les morts. Qu'on pense aux fameuses têtes de squelettes en sucre, aux «cempasuchil» (la fleur des morts), ou au «pan de muertos», un pain spécial gossé en forme de paquet d'os. Selon le rituel, ces objets symboliques doivent être déposés sur un autel érigé en mémoire des ancêtres, en plus de quelques items plus personnels reliés aux disparus (photos, cigarettes, tequila etc.)

Malgré tout, quelques Mexicains de Montréal continuent d'entretenir la tradition. Et les membres du groupe Yohualichan sont de ceux-là. Ce soir, à la maison de la culture Côte-des-Neiges, la formation originaire de la région de Vera Cruz, donnera un concert tout à fait spécial relié à la fête des morts.

«Musicalement, ce sera les mêmes chansons que d'habitude, explique Manuel, qui a fondé le groupe avec sa femme Claudia et son frère Miguel. La différence, c'est qu'on va jouer derrière deux écrans, pour qu'on ne voie que nos silhouettes. Comme si nous étions des fantômes.»

Yohualichan, qui utilise entre autres une mâchoire de cheval comme percussion (ça devait être beau quand ils ont passé ça aux douanes!) n'arrêtera pas là son hommage aux défunts. À compter du 2 novembre, les musiciens exposeront leurs «offrendas» au restaurant mexicain Tamales (124, rue Prince Arthur Est) et ce, pour au moins une semaine.

A noter que cet établissement ne sera pas le seul endroit public à présenter un autel aux morts. Le restaurant Chipotle y Jalapeno (1481, rue Amherst) pratique ce rituel depuis quelques années déjà. Son installation devrait être conservée jusqu'à la fin de la semaine. Idem pour l'Espacio Mexico (2055, rue Peel) galerie d'art reliée au Consulat du Mexique à Montréal, qui a l'habitude de présenter le plus gros «altar de muertos» en ville. L'inauguration officielle aura lieu à 17 h.

«Le plus important dans cette fête, c'est de donner quelque chose aux morts, conclut Manuel Escobar. Quand tu donnes, ça prouve que tu es en vie. Si tu ne donnes pas, alors c'est que tu es vraiment mort...»

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Yohualichan, en spectacle, aujourd'hui, 20 h, à la maison de la culture Côte-des-Neiges (5290, chemin de la Côte-des-Neiges).