L'un des secrets les mieux gardés de la scène canadienne ne devrait pas le rester longtemps. Mobile frappe fort avec un deuxième disque, Tales from the City, dans lequel le groupe montréalais utilise claviers vintage et guitares texturées pour créer un rock dansant.

Il faut parfois faire un pas en arrière pour mieux rebondir. C'est ce qu'a fait Mobile au moment d'établir les bases de Tales from the City, son deuxième opus. C'est en s'inspirant des groupes qui ont fait naître leur passion pour la musique à l'adolescence, notamment Pink Floyd et Joy Division, que les cinq Montréalais ont fait évoluer leur rock dansant.

 

Gagnant du Juno de la révélation (groupe) de l'année en 2007, Mobile reste l'un des secrets les mieux gardés de la scène canadienne. Malgré le succès de Tomorrow Starts Today (2006), qui a bien fait au au pays avec ses quatre simples dont la contagieuse Out of My Head, le groupe formé de Mathieu Joly (voix), Christian Brais (guitare), Frank Williamson (guitare), Dominic Viola (basse) et Pierre-Marc Hamelin (batterie), est demeuré somme toute confidentiel au Québec. Une situation qui risque de changer avec Tales from the City, qui paraîtra mardi.

«Avec Tomorrow Starts Today, j'ai essayé d'écrire une collection de chansons qui plairait à tout le monde. À l'époque, on essayait de trouver un label, on n'avait pas beaucoup d'expérience. On essayait d'écrire «le» single au lieu d'écrire un album», d'admettre le guitariste Christian «Criq» Brais, principal compositeur du groupe, en entrevue au Soleil.

Sans être un album concept, la nouvelle production réalisée par Jeff Saltzman (The Killers, The Sounds) propose un voyage dans l'esprit d'un personnage principal, The Killer, qui donne son nom au premier simple de l'album. Des textes plus sombres, inspirés par les événements qui ont marqué la vie des musiciens au cours des dernières années, dont la fin abrupte de leur association avec Interscope aux États-Unis et plusieurs décès dans la famille de Mat, marquent également la nouvelle production.

Musicalement, le disque se veut moins net que Tomorrow Starts Today, privilégiant l'utilisation de claviers vintage, de guitares plus texturées et d'une facture sonore plus réaliste, notamment en ce qui a trait à la voix.

«J'ai travaillé en même temps plusieurs pièces de manières différentes. J'ai acheté plein de keyboards des années 60 et 70. L'une des mes idoles de tous les temps, c'est Brian Eno. Il sait utiliser les claviers pour qu'un album ait un son unique. Une chanson comme The Daylight Breaks est un hommage que je lui rends du début à la fin. Les claviers, quand on en met un peu partout dans un album, ça permet de faire un rappel de sonorités», de poursuivre le guitariste.

Influence importante, le réalisateur Jeff Saltzman a servi de guide tout le long de l'aventure, encourageant le groupe à trouver sa propre signature sonore.

«Saltzman, c'est un gars old school qui aime les Sex Pistols. Au bout d'une semaine, entre lui et nous, ç'a vraiment cliqué. Ensemble, on s'est donné de temps pour faire quelque chose de bon. On l'a fait venir à Montréal deux mois, en plein hiver, dans la neige! Comme il vient de San Francisco, il capotait! En partant, ils nous a dit que d'avoir été en studio en hiver, ça avait probablement été bon pour nous parce que ça nous avait mis dans une bulle.»

On pourrait penser que la collaboration avec l'homme derrière l'excellent premier album des Killers, Hot Fuss, accentuerait encore davantage les rapprochements entre le groupe montréalais et la formation végassienne. Le guitariste de Mobile était conscient de cette possibilité lorsque son groupe a arrêté son choix sur Saltzman.

«Quand on a fait le premier album, c'était la période où Franz Ferdinand et les Killers marchaient fort. On a beaucoup été associés à ça. On en a parlé avec lui. Il nous a dit que ce n'était parce qu'il était associé aux Killers qu'on allait sonner comme eux. Il nous a expliqué que pour chaque projet, il repartait à zéro.»

Avec Tales from the City, un album où il s'est dépassé, Mobile choisit définitivement son camp.

«Je trouve que l'industrie est tellement malade. Il y a quelque chose qui ne marche pas. Je comprends que les compagnies de disques perdent de l'argent, mais il va toujours rester des bons artistes. Chose certaine, nous, on ne pouvait pas se contenter d'écrire des singles et essayer de plaire à tout le monde. Jeff Saltzman nous a incités à écrire comme si c'était le dernier album de notre vie. Pour ne rien regretter. On a élevé notre niveau de jeu.»

Ce faisant, Mobile n'a pas mis de côté ses aspirations québécoises, voire américaines. Au cours des prochains mois, la formation entend mettre tous les efforts pour reconquérir sa province, dans le cadre d'une vaste tournée canadienne.