Deux ans après la parution de l'estimé Gang of Losers, le groupe montréalais The Dears réapparaît avec Missiles, un quatrième album attendu chez les disquaires le 21 octobre prochain. En prévision de son concert au Temple maçonnique dans le cadre du festival Pop Montréal, jeudi, La Presse s'est entretenue avec le leader du groupe, Murray Lightburn et vous invite à télécharger gratuitement la pièce Money Babies.

Ce quatrième album des locaux The Dears, Missiles, est pour le moins attendu. Pour les bonnes autant que les moins bonnes raisons.

Les bonnes, d'abord. Parce que The Dears n'a jamais été aussi proche de devenir le coup de coeur montréalais de l'automne sur la scène internationale. L'automne, d'ailleurs, va si bien à la musique fragile, rêvasseuse, encore plus tourmentée sur Missiles, ce qui n'est pas peu dire.

Déjà célébrée en Europe - surtout en Grande-Bretagne, où sa pop-rock inspirée par les demi-dieux britanniques The Smiths touche une corde très sensible -, cette formation globe-trotteuse a déjà une tournée outre-Atlantique à l'agenda et une douzaine de dates aux Etats-Unis. Mais pour Natalia Yanchak, chanteuse, claviériste et blogueuse, «parfois, on se sent à nouveau comme (à l'époque de la sortie de l'album) End of a Hollywood Bedtime Story. On fonce tête baissée dans l'inconnu», écrivait-elle récemment.

Car ces deux dernières années n'ont pas été simples pour The Dears, un groupe qui a littéralement implosé peu après la tournée de l'album Gang of Losers. Il est aussi attendu pour ça, l'album Missiles : c'est le premier album de The Dears en tant que duo, formé du noyau dur Natalia Yanchak et de son mari, le ténébreux auteur-compositeur Murray Lightburn.

Lequel marche sur des oeufs en évoquant la tempête qui presque tué le groupe. En guise d'explication, il esquisse ceci, en pesant chacun de ses mots : «Je n'ai pas de mal à ce que les membres du groupe travaillent sur leurs propres projets, mais à mon sens, The Dears, c'est un projet qui demande toute notre énergie. Après Gang of Losers, lorsque j'ai constaté que les membres n'avaient pas la même vision que moi à propos de ce projet, j'ai remis beaucoup de choses en question - j'ai même songé faire mon propre album solo. J'ai finalement réalisé que si je voulais que The Dears survive, 'fallait que certains membres quittent le groupe. Ça a été un moment très difficile».

Martin Pelland et Valérie Jodoin-Keaton ont été les premiers à quitter le navire, pour aller former le groupe For Those About to Love... We Salute You. Le guitariste Patrick Krief a récemment fait savoir à Lightburn qu'il ne fera plus partie du voyage; le musicien se consacre désormais à Black Diamond Bay, quatuor qui compte aussi dans ses rangs le batteur George Donoso III, lui aussi un Dears démissionnaire.

«Ah, ça m'a fait chier que Krief quitte, j'aurais aimé qu'il parte en tournée avec nous, admet Lightburn. Mais on se parle encore beaucoup, j'ai même eu la chance de lui donner un coup de main sur ses projets musicaux».

Lightburn et son épouse Natalia se sont adjoints d'une nouvelle troupe de musiciens en prévision de la tournée. «On travaille dur ces jours-ci, je n'arrive pas à croire que nos premiers concerts ne sont que dans quelques jours... Ça fait presque un an qu'on n'a pas donné de concert. J'espère que ce ne sera pas un désastre!»

Mais le musicien ne devrait pas trop se faire de mauvais sang. Parce que ce Missiles est franchement assez réussi. Toujours aussi expressif et mélancolique, le groupe a profité de la conjoncture difficile pour ravaler sa façade et imposer non pas un changement de direction musicale, mais, à tout le moins, de nouvelles motivations sur le plan des arrangements.

«C'est un album sans compromis, insiste Lightburn. Il y a beaucoup d'expérimentation et d'exploration, beaucoup d'effort pour qu'il soit précisément ce que j'avais en tête. En studio, on pouvait parfois passer quatre heures seulement à trouver la bonne sonorité pour une guitare ou un synthé».

Obsessif? Tout, dans Missiles, expire ce souci du détail, précieux dans l'écriture, dans les textes qui évoquent la maladie, l'amour, la folie, la rupture (mais sans directement aborder la quasi-désintégration du groupe), des thèmes qui ont envahi Murray Lightburn ces derniers mois, au point de le réveiller la nuit... «Je ne veux pas trop m'étendre sur la signification des paroles, ni t'expliquer les petits drames qui m'ont poussé à écrire tout ça. Je préfère que les fans se fassent leur propre idée à propos du sens de ces chansons».

Ce qu'ils feront demain soir, et le 21 octobre prochain, lors de la sortie officielle de Missiles. À suivre.

* The Dears et le label Maple Music vous offrent, en collaboration avec Cyberpresse, la version française inédite de Money Babies, premier extrait de Missiles, le nouvel album attendu le 21 octobre.