Dans les années 80, Janet Jackson a littéralement incarné l'expression «se prendre en main «. Dans les années 90, elle a profondément transformé la danse urbaine par ses clips et les chorégraphies sur scène. Dans les années 2000? Outre le fameux Super Bowl de 2004 au cours duquel Justin Timberlake révéla sa poitrine, rien de vraiment remarquable sinon que la résiliente Janet Jackson survit à tout. Elle est de retour sur scène lundi, au Centre Bell , quelques mois après la sortie de son 10e album solo, Discipline et sept ans après sa dernière tournée.

Au bout du fil, alors que s'amorce la téléconférence de presse, la voix de Janet Jackson rappelle celle d'une petite fille. Une petite fille lasse, qui plus est. Fatiguée de devoir encore et encore se vendre (pas facile quand Madonna va être en ville trois semaines plus tard), de faire de la promotion dans un univers où la concurrence est sanguinaire, de répondre aux sempiternelles questions sur les voix préenregistrées... Depuis maintenant plus de 25 ans - son premier album solo, éponyme, est sorti en 1982 -, Janet Jackson se justifie.

 

C'est pourtant la même Janet dont la tournée Rhythm Nation 1814 a été un tel succès, en 1990, qu'elle est encore aujourd'hui une référence absolue dans le monde du «gros show d'aréna» ! Impossible donc de n'être pas saisie de tristesse en l'écoutant répondre et se défendre, que ce soit sur le nombre élevé de chansons qu'elle interprète (une quarantaine, avec nombreux changements complets de costumes, le tout en deux heures) ou sur le segment «sensuel» assez explicite du spectacle (»Est-ce vraiment approprié pour vos fans, qui sont souvent très jeunes?») Qu'on se rassure toutefois: si on en juge par les extraits diffusés sur YouTube, Miss Jackson n'est vraiment pas triste sur scène.

L'un des journalistes lui demandera tout de même d'expliquer ses larmes pendant sa représentation à Vancouver le 10 septembre, lors du premier spectacle de sa tournée Rock Witchu: «J'étais tout simplement très émotive, je ne m'étais pas préparée à être reçue avec autant d'applaudissements, cela fait tout de même sept ans que je n'ai pas fait de spectacle, vous savez.»

Un autre journaliste lui précise que certains ont trouvé qu'elle «ne chantait pas assez» pendant son spectacle et lui demande la proportion de voix préenregistrées dans son Rock Witchu Tour: «Demandez à tous les artistes qui font un spectacle de ce genre, avec autant de chorégraphies: s'ils vous disent qu'ils chantent tout le temps live, ils mentent, je peux vous l'assurer, ce n'est tout simplement pas possible! Et je suis avant tout une danseuse! C'est un spectacle avec de la danse que les gens veulent voir.»

«J'ai 42 ans, le double de l'âge de bien des gens qui viennent me voir, de ceux avec qui je travaille, poursuit-elle, je dois me préparer mentalement et physiquement pour ce spectacle. C'est un show très exigeant, très difficile - agréable à faire, mais dur à faire () Nous avons travaillé énormément les chorégraphies, ça ne sera peut-être pas apparent pour tout le monde, mais si vous êtes un danseur ou connaissez le moindrement la danse et que vous voyez mon spectacle, vous allez voir que j'aurais pu baptiser la tournée The History of Dance Tour: il y a des claquettes, de la danse urbaine, de la danse contemporaine, etc. J'ai travaillé avec différents chorégraphes pour cela. C'est un gros spectacle théâtral (»a big theatrical piece»), vous savez.»

Un journaliste lui pose alors une question sur la collection de lingerie fine qu'elle va bientôt dévoiler: «J'ai toujours adoré la lingerie, et je veux proposer des dessous qui sont à la fois sexy, confortables et abordables. Après tout, c'est la première chose qu'une femme enfile le matin, ses dessous J'ai baptisé la collection Pleasure Principle (le titre d'une de ses chansons à succès en 1986-1987), ce sera de la qualité à bon prix» Oups, la relationniste rappelle tout le monde à l'ordre: les questions de cette téléconférence doivent porter sur la tournée exclusivement. Dommage, car ce sera la seule fois de toute l'entrevue où la voix de Janet Jackson semblera un tout petit peu heureuse

Dans ce Rock Witchu Tour, Janet interprétera bien sûr plusieurs chansons de son dernier disque, Discipline: «Cet album, c'est un album pour danser, pour avoir du plaisir. Mais il m'a fallu beaucoup de discipline pour m'accomplir dans cette industrie.» D'où le titre. «Je m'entraîne encore avant tous les shows, je perds de trois à cinq livres à chaque représentation. Je m'accorde parfois un jour de relâche, mais le work-out, c'est moi, c'est ma vie, c'est mon dada.»

D'autres questions ont suivi, les réponses ont été de plus en plus courtes Janet Jackson a remercié tout le monde de sa voix triste. C'est lundi, au Centre Bell, quand elle dansera dans ses costumes affriolants, entourés de sa troupe et devant ses fans, qu'elle retrouvera le sourire et la joie.

Janet Jackson, en spectacle lundi, 19h30, au Centre Bell. Artiste invité: LL Cool J.