Fini le métal thérapeutique. Metallica a retrouvé son aplomb, sa rage et ses riffs en béton armé balancés à la vitesse de l'éclair. En route pour une répétition, le guitariste raconte la gestation de Death Magnetic, l'album le plus métal de son groupe depuis ...And Justice For All!

Some Kind Of Monster, film qui relate l'enregistrement houleux de l'album St.Anger, renferme une foule de scènes d'anthologie, dont celle-ci : après avoir entendu quelques nouveaux morceaux, le père de Lars Ulrich se tourne vers son fils et lui conseille de tout effacer et de recommencer à zéro. Le jugement est sans appel. Le batteur est dévasté. Blabbermouth, un site consacré aux musiques lourdes, rapportait un autre commentaire de Torbenn Ulrich. Positif cette fois. Après avoir entendu quelques morceaux de Death Magnetic, qui sera en magasin vendredi, il aurait dit : «Ça sonne comme Metallica». The Day That Never Comes, le premier extrait, a confirmé la chose : les géants du métal sont bel et bien retour. Et ce n'est même pas la meilleure chanson du disque.

Vitesse, énergie, bruit, fureur, mélodies et même une espèce de groove, les deux premiers morceaux de Death Magnetic sonnent comme une tonne de briques. On a le sentiment que Metallica a du plaisir à jouer pour la première fois depuis une éternité. «Metallica a toujours eu du plaisir... à sa manière», rigole le guitariste Kirk Hammett, en route vers le quartier général du groupe, où il doit répéter de nouveaux morceaux et « quelques pièces jamais ou rarement jouées» en vue de la première portion de la tournée mondiale.

«De notre point de vue, on a fait la même chose que d'habitude : on s'est rassemblés, on a commencé à écrire, on a jeté un œil en arrière et puis on a tenté de créer quelque chose d'actuel», explique le guitariste. La différence, c'est que les circonstances sont plus favorables qu'à l'époque de St.Anger. La psychothérapie de groupe, la cure de désintoxication de James Hetfield, la mort de Cliff Burton, le départ de Jason Newsted, tout ça fait désormais partie du passé. Ne restait plus qu'à renouer avec Metallica, l'entité.

«On n'était pas un groupe complet à cette époque, rappelle Kirk Hammett. Il y avait James, Lars, moi et Bob Rock (le réalisateur), qui jouait de la basse. Quand on a commencé à composer, cette fois-ci, ça faisait deux ans que Robert (Trujillo, bassiste) était avec nous. On a fait des tonnes de spectacles ensemble. Ça fait toute une différence.

«On sonnait mille fois mieux que sur St.Anger dès le début, parce qu'on n'était plus le non-groupe qui avait fait St.Anger, justement. On était le Metallica qu'on se doit d'être : un groupe de quatre musiciens avec une bonne chimie sur le plan musical et qui joue de manière inspirée.» L'énergie positive du nouveau bassiste n'a pas nui.

L'esprit du moment

Metallica n'avait pas de plan précis, sinon que de retrouver son dynamisme des années 80. Après avoir été pratiquement muselé sur St.Anger (Lars Ulrich trouvait les solos de guitare dépassés), Kirk Hammett a de nouveau l'occasion de faire des prouesses. Son solo nerveux sur The End Of the Line passé comme un éclair brûlant. « J'avais vraiment envie d'être spontané, dit-il, à propos de son travail sur Death Magnetic. Je me suis forcé à saisir le moment présent plus que je ne l'ai jamais fait dans le passé.

«Avant, je travaillais mes solos. Je les composais. Cette fois-ci, je me présentais en studio avec quelques idées en tête et, au moment où on appuyait sur record, je jouais ce que j'avais dans le corps. J'ai essayé de retrouver l'état d'esprit du live et je pense y être parvenu.»

Death Magnetic, sans être aussi brut que St.Anger, est assez direct. Moins léché que ...And Justice For All, ça c'est certain. Du coup, on a le sentiment de retrouver l'énergie que le groupe dégage en spectacle. Kirk Hammett dit toutefois que Metallica ne songe jamais, au moment d'enregistrer un disque, au fait que les morceaux seront inévitablement joués dans des arénas, voire des stades.

«On vise les gros riffs qui sonnent. Ça fait partie de notre son, c'est presque la marque de commerce de notre groupe, dit-il avec un brin d'ironie. Master Of Puppets et Enter Sandman, ce sont des riffs géants. On veut que ce soit lourd et puissant. On veut que ça soulève et que ça écrase. Avec ça en tête, quand on joue dans des stades, on a le sentiment que c'est la combinaison parfaite.»