Le groupe écossais Franz Ferdinand confirme sa capacité d'évolution avec son troisième album, Tonight: Franz Ferdinand, disque électronique, à la fois dansant et froid et dont la construction est calquée sur le déroulement d'une nuit de fête et d'excès.

Cet album très attendu sortira lundi dans le monde entier, plus de trois ans après You Could Have It So Much Better et cinq ans après Franz Ferdinand, qui avait établi le quatuor comme l'un des nouveaux grands noms du rock.

Propulsé par la chanson Take me Out, ce premier album s'était écoulé à 3,5 millions d'exemplaires dans le monde. Les ventes mondiales du deuxième se montent à 2 millions.

À ses débuts, Franz Ferdinand - référence à l'archiduc d'Autriche dont l'assassinat avait déclenché la Première Guerre mondiale -, était l'un des représentants du rock à guitares alors en vogue et voulait «faire danser les filles».

Puis les Écossais (le chanteur Alex Kapranos, le guitariste Nick McCarthy, le bassiste Bob Hardy et le batteur Paul Thompson) avaient injecté des touches plus pop dans leur deuxième album. Avec Tonight: Franz Ferdinand, ils misent à nouveau tout sur la danse mais font évoluer leur son, plus froid et synthétique.

«On a beaucoup tourné, joué à être un groupe de rock dans de grands stades après le deuxième album et on s'en est lassé. On voulait refaire de la musique à danser, mais sans trop de guitares», explique Nick McCarthy à l'AFP.

L'ordre des chansons est agencé pour donner l'impression d'une nuit de fête en boîte. D'abord très dansant (le single Ulysses, Lucid Dreams...) le disque se clôt sur une lente descente matérialisée par deux morceaux plus rêveurs.

«Dream Again symbolise le retour à la maison, puis Katherine Kiss Me, c'est l'aube qui vous donne envie de mourir!», sourit McCarthy.

Cette ambiance nocturne vient du lieu où l'album a été enregistré, un vieil immeuble de Glasgow dont le groupe avait condamné les fenêtres.

«C'est un endroit un peu hanté et sans la lumière du jour, on ne savait jamais s'il était une heure du matin ou de l'après-midi», se souvient Bob Hardy.

Le groupe a utilisé de vieux synthétiseurs des années 1970 qui rappellent également les années 1980, bien qu'il ne veuille plus être rattaché au son de cette décennie.

«J'en ai marre des années 1980! Il y a cinq ans, c'était cool d'écouter ces trucs-là, maintenant ça ne l'est plus», s'amuse McCarthy.

On entend même des sons... d'os humains. «On a acheté un vieux squelette aux enchères, 38 livres, rigole le guitariste. Ça allait bien avec le côté sombre du disque, cette espèce de transe vaudou».

Très impliqué dans l'aspect visuel de ses albums, Franz Ferdinand a choisi pour la pochette une photo qui renforce ce parti-pris sombre. Ce cliché en noir et blanc s'inspire des scènes de crime du photographe américain Weegee.

Pour la compagnie britannique Domino, ce disque est une sortie importante. Pour preuve, il avait imposé un embargo aux journalistes français lors de son écoute en octobre dans les locaux parisiens du distributeur Pias.

Domino exigeait que la presse ne parle de l'album qu'en janvier. Une façon de dicter sa logique marketing en concentrant la parution des articles au moment de la sortie.

Franz Ferdinand entamera fin février une tournée européenne, avec quatre concerts en France en mars et en avril.