Un tout premier disque produit par la première (et seule!) compagnie de disques à qui elle a soumis son matériel et dont une chanson était offerte en téléchargement gratuit sur le très populaire site iTunes Canada la semaine dernière: voilà, en très gros, ce qui est arrivé à la jeune auteure-compositrice québécoise Amylie, dont l'album électro-folk Jusqu'aux oreilles sera lancé mardi par Audiogram. Vous avez dit conte de fées?

«Depuis que les chansons sont en ligne, les gens me comparent à Camille, à Ariane Moffatt, à Fanny Bloom, à Feist... Si ça me dérange? Écoute, on me compare à des artistes que j'aime, ce sont toutes des filles qui défrichent! Et puis, je le sais qu'on a tous tendance à comparer à ce qu'on connaît déjà», dit calmement Amylie, 26 ans, dont le premier album est réalisé par nul autre que le multi-instrumentiste multi-doué JF Lemieux (collaborateur de Leloup, Bélanger, Kevin Parent - bref, il a travaillé d'une façon ou d'une autre à quelque 80 albums au Québec!), album par ailleurs mixé par Carl Bastien (collaborateur de Dumas, Moffatt, Bélanger, etc.). Bref, beaucoup de pointures pour une jeune Cendrillon qui a manifestement trouvé chaussure à son pied.

 

Audiogram a eu le coup de foudre pour Amylie, il y a environ deux ans et demi. La jeune fille, qui a découvert qu'elle aimait chanter en participant à une comédie musicale dans son Mascouche natal (le rôle de Sandy dans Grease!!!), se met d'abord à gratter un peu la guitare («Je cherchais les accords qui faisaient le moins mal aux doigts et qui sonnaient le mieux!»). Elle chantonne d'abord en anglais, mais n'est pas du tout bilingue, se met donc à écrire en français... après être allée faire un tour au magasin de disques: «J'ai mis des écouteurs, et j'en ai écouté, écouté, écouté... pour finalement beaucoup aimer ce que faisaient Camille et Carla Bruni.»

Le conte de fées n'est même pas commencé. Car, après avoir finalement enregistré une maquette de ses chansons (guitare et voix), Amylie cherche sur l'internet la maison de disques de Daniel Bélanger parce qu'elle l'aime beaucoup: «J'ai noté l'adresse, je savais que c'était Mathieu Houde qui s'occupait des maquettes, je suis allée à Montréal chez Audiogram et j'ai attendu Mathieu Houde, qui était parti manger.» Elle attend, attend... Toujours pas de Mathieu Houde. Un autre membre du personnel s'arrête devant la jeune femme dans la salle d'attente et la convainc finalement de lui laisser sa maquette en lui jurant qu'elle serait remise au fameux Mathieu. L'après-midi même, alors qu'Amylie est retournée travailler dans un café de Mascouche, sa soeur reçoit un téléphone: Audiogram aimerait bien signer Amylie!

Besoin d'apprendre

C'était il y a deux ans et demi, et depuis Amylie travaille et apprend avec JF Lemieux. Car elle ne s'en cache pas, elle a besoin d'apprendre: «J'ai jamais écouté particulièrement de musique francophone, mon seul repère, c'était Francis Cabrel, que ma grande soeur écoutait beaucoup», explique-t-elle avec une ingénuité désarmante. Comme elle explique tout aussi candidement son goût pour les jolies touches d'électro qu'on trouve sur son album: «Mes oreilles n'avaient jamais le pied dans l'électro, dit-elle en riant, mais j'aimais beaucoup ce que j'entendais sur les disques d'Émilie Simon et de Feist, je trouvais que l'électro donnait une subtilité, une recherche particulière à leurs chansons.»

Suite du conte de fées: la semaine dernière, les abonnés d'iTunes (Canada) pouvaient télécharger gratuitement la chanson Mes oreilles d'Amylie, qui est ainsi devenue la première francophone à être choisie Free Single of the Week par le fameux site d'achats en ligne. Résultat? Les commentaires ont été généralement positifs... ou carrément contre le fait qu'une chanson en français soit soumise! Quelques internautes se sont en effet montrés déçus ou ulcérés qu'un morceau francophone reçoive ainsi un tel coup de pouce. Commentaire de la sage et jeune Amylie? «J'ai trouvé ça quasiment le fun dans un certain sens: au moins, ça soulève un débat, ça se parle, ça discute. Moi, j'aime beaucoup désamorcer les choses, les malentendus. Tant mieux si les gens ont pu s'exprimer. Et puis, ce qui m'a fait plaisir, c'est qu'il y avait des anglophones, de Winnipeg et d'ailleurs, qui m'ont dit: «Écoute-les pas, c'est bon ce que tu fais!»»