Chaque journaliste musical couvre des niches et certains artistes en particulier, si bien que c'était une première pour l'auteure de ces lignes de voir Céline Dion, hier soir au Centre Bell.

Pas sur un écran de télé, mais en chair et en os sur scène, dans un contexte émotif particulier. Céline qui rentre au bercail pour une série de 17 spectacles après la mort de son mari, imprésario et plus grand conseiller René Angélil.

En ce moment, Céline crée même une sorte d'unanimité au Québec. Beaucoup de ses détracteurs reconnaissent enfin son talent et son parcours exceptionnel d'artiste.

Avant le spectacle d'hier, jamais n'a-t-on autant ressenti cette impression de retrouvailles au Centre Bell. Autant les spectateurs que Céline étaient émus pour un spectacle que la star voulait «heureux». 

«Teinté d'émotions fortes, mais jamais triste. Les enfants vont bien. Je vais bien. C'est le temps maintenant de sourire en parlant de nos plus beaux souvenirs.»

Céline Dion a ouvert le bal avec Encore un soir, chanson tirée de son nouvel album en français, qui sortira le 26 août. Une pièce qui s'inscrit fortement dans la pop française. Petit bémol, la projection surannée (comme la plupart de celles qui ont suivi) d'une horloge qui oscille.

Céline Dion l'a dit: elle aime le spectacle majoritairement en français qu'elle présente au Centre Bell, le même qu'elle avait fait en France et en Belgique.

Le début du programme était justement davantage destiné à plaire aux grands initiés de la star. Les fans irréductibles qui ont suivi avidement Céline d'album en album et qui connaissent tout son répertoire au-delà de ses nombreux succès. Ceux qui peuvent chanter par coeur le refrain de la chanson Qui peut vivre sans amour, tirée de son album Sans attendre (2012), par exemple, ou encore Immensité, tirée de son album D'elles (2007).

En ce qui nous concerne - et à l'instar des cris de la foule -, c'est à partir de Pour que tu m'aimes encore que le spectacle a pris un tournant rassembleur. La vigueur pop-rock de Terre, magnifiée par le mur de son des 29 musiciens sur scène, a monté l'énergie d'un cran.

Une valeur sûre au programme: la poignante et toute simple ballade Because You Loved Me, tirée du film Up Close & Personal, mettant en vedette Robert Redford et Michelle Pfeiffer dans la peau de journalistes.

Doublé fort gagnant: It's All Coming Back to me Now et The Power of Love. Autre grand moment, le feu roulant avant le rappel: la reprise de Purple Rain de Prince, Love Can Move Mountains, River Deep, Mountain High de Ike & Tina Turner et la puissante The Show Must Go On, au cours de laquelle Céline - à l'image du groupe qu'elle reprend - régnait en reine dans le Centre Bell.

Du look de Céline à la mise en scène, le spectacle aurait pu être davantage à la page des grands spectacles pop-rock de 2016, tout en restant intime.

Céline Dion a par ailleurs multiplié les confidences, ce qu'elle n'aurait pas fait ailleurs dans le monde. Elle s'est réjouie de passer l'été au Québec et que ses enfants comprennent la signification de «jouer dehors». Elle a expliqué que la série télé préférée de René était Law & Order. C'est pourquoi son chef d'orchestre Scott Price a intégré un segment mélodique de la musique du générique dans Ce soir on danse à Naziland.

Céline Dion a même demandé l'aide du public pour un segment d'émission consacré «aux plus grandes chansons», qui sera diffusée à la télé américaine. Devant des caméras, elle a alors introduit en anglais My Heart Will Go On.

Quoi dire de plus, sinon qu'il faut voir Céline Dion une fois dans sa vie en spectacle. Soyez-en avertis. Celui présenté encore 15 fois cet été au Québec met en valeur son répertoire francophone, son amour pour feu René Angélil, son immense talent d'interprète et l'infinie possibilité des succès qu'elle a dû écarter.

Il permet surtout de saisir tout l'effet qu'elle a sur le public. La dame devant nous voulait même écrire ce compte rendu à notre place.