Imaginez un instant un concert de Noël dans lequel le DJ Kid Koala et l'organiste attitré de la Maison symphonique, Jean-Willy Kunz, mêlent beats et sons majestueux du grand instrument à tuyaux sur lesquels Rufus et Martha Wainwright chantent l'Ave Maria et vous n'aurez que l'ombre d'une minuscule idée du caractère exceptionnel du spectacle auquel nous avait conviés le clan Wainwright-McGarrigle, hier soir.

Tantes, cousins et cousines, chums et blondes, enfants, amis membres du clan depuis des lustres et invités dont c'était le baptême officiel dans cette magnifique tribu nous ont donné sur près de trois heures un spectacle parmi les meilleurs de l'année qui s'achève, tous genres confondus. Une succession de grands moments de beauté et d'émotion dont seuls les véritables artistes sont capables.

C'était une fête des voix et de la musique dans laquelle tout est permis depuis les cantiques et classiques de Noël jusqu'aux chansons populaires qui s'y sont intégrées au fil des ans, empruntées à John Lennon et Joni Mitchell, tout autant que d'autres qui s'y tailleront bientôt une place s'il n'en tient qu'à Rufus et Martha, popularisées par Emmylou Harris et Jackson Browne. Ou même Christmas Wrapping des Waitresses dont Martha, incandescente hier, a livré une version joyeusement rock and roll.

Si l'espace et le temps nous le permettaient, on parlerait de tous les numéros. De Rufus qui chante sans micro le Minuit, Chrétien et qui prie sa tante Jane la pianiste de faire une pause le temps que le télésouffleur s'ajuste pour ce deuxième couplet qu'il ne connaît pas; de Martha et son amie Ariane Moffatt qui s'accoudent au piano et chantent avec un plaisir manifeste leur version jazzée bilingue de Joyeux Noël/The Christmas Song avant de céder leur place à Rufus et son mari Jorn Weisbrodt qui entonnent Stille Nacht; du nouveau cousin Louis-Jean Cormier qui, après avoir chanté un air traditionnel vieux de quelques siècles revient en deuxième partie de programme reprendre Les anges dans nos campagnes avec les amis Ariane et Éloi Painchaud et, en prime, les choristes Rufus et Martha.

Oui, tout était permis, même le numéro de cabaret de Rufus et Michèle Mercure, clownesque et parfaitement brouillon, dans Baby It's Cold Outside.

Et comme l'aurait voulu la regrettée Kate McGarrigle, les petits-enfants avaient leur place dans ce tourbillon festif. Il fallait voir les deux petites-filles de Jane McGarrigle chanter comme des grandes Let It Snow avec pour unique accompagnement le piano de leur grand-maman. Et, tout de suite après, le petit Arcangelo, coiffé de sa tuque de père Noël, faisant mine de jouer de la guitare avec la dégaine de sa mère Martha pendant que la chorale des «vieux» chantait magnifiquement Il est né le divin enfant et Ça bergers assemblons-nous.

L'avenir du clan est assuré!