Une ovation dès son arrivée sur scène. Dans la salle, Luc Plamondon, France Gall, Michel Jonasz, Pierre Lapointe et Claude Charron. Le spectacle soulignant le 70e anniversaire de naissance de Diane Dufresne aura été aussi grandiose que le lieu où la grande dame de la chanson québécoise se produisait, hier soir, à Paris.

Celle qui préfère le titre de «rebelle» à celui de «diva» aurait pu remplir les 2000 places du chic et historique Théâtre du Châtelet plus d'un soir.

Devant elle, des passionnés de sa musique et de son personnage scénique. Autour d'elle, 15 musiciens de l'orchestre symphonique de l'Opéra de Paris et de celui de Radio France, sans compter le chef et pianiste montréalais Jean-Michel Malouf et Olivier Godin. Ensemble, ils ont présenté le spectacle en hommage à la chanson française Partagez les anges, que Diane Dufresne a enregistré avec Les Violons du Roy et qui a fait l'objet d'un album sorti en France.

Devant la ferveur de la foule, Diane Dufresne a été saisie d'émotion dès son arrivée sur scène. À la toute fin, elle a réservé une surprise au public, qui aurait pu passer la nuit à l'écouter chanter. La star a chanté a cappella Berceuse pour un homme. «Un moment très spécial, nous a dit après le spectacle Luc Plamondon. C'était la dernière chanson de son premier album, Tiens-toé ben, j'arrive!, dont j'ai écrit les paroles et François Cousineau, la musique. J'étais touché. Je ne suis pas certain qu'elle l'ait chantée depuis. La voix est encore là, la voix est magnifique...»

C'est Luc Plamondon qui le dit. Et on lui donne raison.

Comme dans son spectacle présenté à la Maison symphonique en décembre 2012, Diane Dufresne a interprété des chansons de son album Effusions et repris notamment Alain Bashung (Madame Rêve) et Zazie (Je suis un homme).

Un moment fort: son interprétation vibrante d'Est-ce que je retrouverai ma douce de Michel Jonasz, présent dans la salle.

Les spectateurs à côté de nous ont vanté l'audace scénique de Diane Dufresne, quand elle a dansé avec un squelette, incarné une sorcière blanche et traîné un ballon de la planète Terre tel un boulet (dans le bloc écologique de son spectacle).

L'artiste à la réputation sauvage et provocante était en contact chaleureux avec le public. Elle a rappelé les huées qu'elle a suscitées en première partie de Julien Clerc lors de sa première visite à Paris, en 1973.

Diane Dufresne a gardé son hymne Oxygène pour la fin du spectacle, puis elle a servi en rappel Je voulais te dire que je t'attends. Elle a quitté la scène par la porte des coulisses après le lever du rideau d'arrière-scène. Une scène forte qui évoquait un grand départ.

«Dans quelques heures, j'aurai mes 70 ans», a-t-elle dit, avant que les spectateurs brandissent dans les airs le bâton lumineux qui leur avait été remis avant le spectacle.

Sans exagérer, des gens pleuraient aux quatre coins du Théâtre du Châtelet.

Sur invitation

C'est sur invitation que Diane Dufresne se produisait à Paris à la veille de son 70e anniversaire. Son hôte et grand complice, le producteur et imprésario parisien Olivier Gluzman, dit: «Diane était venue il y a six ans avec le répertoire de Kurt Weill. On avait envie qu'elle revienne avec ses chansons, car le public n'en pouvait plus de l'attendre.»

Olivier Gluzman vante l'avant-gardisme de Diane Dufresne.

«Les gens l'aiment pour la même raison qu'ils l'avaient critiquée il y a 40 ans en première partie de Julien Clerc. Elle était tellement excentrique qu'elle était en avance...»

Oui, Diane Dufresne a des milliers de fidèles en France. Pascal Marquenet, croisé hier dans la file d'attente, a perdu le compte du nombre de fois qu'il l'a vue en spectacle. «Je la suis religieusement depuis que j'ai vu un clip de sa chanson Vingtième étage, puis Starmania au Palais des congrès en 1979. J'aime sa sensibilité, sa démesure, sa générosité... Elle est à la fois une actrice et une chanteuse avec une voix qui vous emporte et qui se renouvelle. C'est une surprise à chaque spectacle.»

Pour l'anecdote, M. Marquenet a déjà travaillé pour Jean Paul Gaultier et il se souvient d'une visite de Diane Dufresne dans son atelier. «Elle était venue s'habiller pour un spectacle.»

Pluie d'éloges

Au cours des derniers jours, Diane Dufresne a multiplié les entrevues avec les médias français.

«L'une des chanteuses les plus saisissantes de la scène francophone», dixit Télérama. «Féministe, visionnaire, provocante, extravagante», a renchéri L'Express.

Diane Dufresne a conquis la France avant d'être consacrée au Québec et d'être la première artiste québécoise à remplir le Stade olympique. Inspirée par Juliette Gréco, la chanteuse québécoise a ensuite plongé dans le rock de Janis Joplin, ont rappelé les médias français.

Pendant son spectacle, hier, Diane Dufresne a lancé à la foule avec humour: «Vous me donnez des ailes, car quatre heures à Ruquier, c'est dur sur le body

Samedi soir, Diane Dufresne a reçu une pluie d'éloges sur le plateau d'On n'est pas couché. L'animateur Laurent Ruquier a dit avoir découvert sur le tard tout le talent de l'artiste québécoise.

Assise à la gauche de Gaspard Ulliel, la vedette du film Saint Laurent, Diane Dufresne a été complimentée plus qu'elle n'a parlé.

Lady Gaga n'a rien inventé, lui ont dit Laurent Ruquier et ses coanimateurs Léa Salamé et Aymeric Caron.