À une heure du matin,  dimanche soir, une foule exaltée et en état d'ébriété dansait sous une pluie de confettis au son de Paradise City de Guns N' Roses, dans un Métropolis transformé en sauna. Les 2200 personnes réunies avaient déjà pardonné à Axl Rose ses nombreux allers et retours en coulisses pendant le spectacle qui a duré plus de deux heures et demie.

Guns N' Roses devrait plutôt être rebaptisé Axl N' Roses puisqu'il ne reste du groupe original que son chanteur. Axl Rose ne partage plus la scène avec Slash et Duff McKagan, mais il compte toujours sur la présence du claviériste Dizzy Reed, qui s'est joint à Guns'N'Roses dans les années 1990.

Ses six nouveaux instrumentistes n'ont rien à se reprocher, dont trois guitaristes au jeu inspiré et technique. Axl Rose leur donne beaucoup de place sur scène. Trop... Les intermèdes instrumentaux des musiciens - prévus d'avance - permettent au chanteur d'aller prendre des pauses en coulisses. Les solos servis sont de qualité, mais ralentissent la cadence du spectacle.

Heureusement, Axl Rose était en grande forme et en voix, dimanche soir, se dandinant et sautillant avec ses mimiques habituelles. Après Chinese Democracy, lui et sa bande ont fait un triplé du premier album de G N'R Appetite for Destruction, paru en 1987, en servant en rafale Welcome To The Jungle, It's So Easy et Mr. Brownstone.

Outre l'album Chinese Democracy, paru il y a cinq ans, G N'R n'a pas sorti de nouveau matériel depuis 1993. Le programme du spectacle d'hier ressemblait en partie à celui du Centre Bell, en 2010. Les spectateurs (qui avaient déboursé plus de 125$ pour leur billet) ont eu droit à des succès du groupe (Nightrain, Estranged), des reprises (The Seeker de The Who, Another Brick In The Wall de Pink Floyd) et des titres de Chinese Democracy (Better, Catcher in The Rye, This Is Love). Avec la présente tournée, l'équipe de gérance de G N'R veut rebâtir la réputation d'Axl Rose en assurant aux promoteurs qu'il est sérieux et à l'heure sur scène (aucun retard ou presque dimanche soir).

Après le spectacle de GN'R sur les Plaines d'Abraham, vendredi dernier, l'occasion était exceptionnelle de voir Rose et sa bande dans l'intimité du Métropolis. Avec des projections glam-rock kitsch de signes chinois et de filles sexy, on se croyait dans un bar de Los Angeles des années 1990.

En majorité ivre, tatouée et composée de fiers-à-bras, la foule du Métropolis a accueilli les classiques You Could Me Mine et Sweet Child O'Mine avec les doigts de la main reproduisant les cornes de diable. Les quelques titres de Chinese Democracy ne suscitaient pas le même enthousiasme (Better, Catcher in The Rye, This Is Love) chez la foule, sans freiner son enthousiasme pour autant.

Vêtu d'un jean assorti d'une chaîne et d'un foulard rouge, Axl Rose profitait de ses visites en coulisses pour changer de manteau de cuir, de chapeau, et de t-shirt reproduisant des filles nues de calendrier. À 51 ans, Axl Rose n'a plus le physique pour enfiler les cuissards blancs moulants qui ont fait sa marque dans les années 1990.

Sur scène, il prouve néanmoins que les «lead singers» comme lui sont en voie de disparition. C'était bon de retrouver ses mimiques typiques... Son genou accoté sur un amplificateur, la tête criant avec du recul dans son gros micro rouge. Rose se dandinant à gauche à droite, tournant sur lui-même en dansant avec le pied de micro sur Live and Let Die. Sa voix de corneille résonnant sur le refrain de Don't Cry. Rose s'est même permis un doigt d'honneur au milieu de It's So Easy (geste avec lequel il a créé une émeute il y a plus de 20 ans au stade olympique).

Il manquait trop d'ingrédients pour avoir droit à un «vrai» spectacle de Guns N'Roses, dimanche, mais le voyage dans le bon vieux temps était réussi. Les moments mémorables ont eu le dessus sur les intermèdes musicaux s'étirant trop longuement, et ont permis aux gens d'avaler des milliers de verres de bière entre deux classiques du rock. Être à quelques mètres d'Axl Rose qui siffle l'introduction de Patience ou qui assis au piano pour November Rain? Agréablement nostalgique. 

À défaut d'avoir attrapé le sifflet qu'Axl Rose a lancé dans la foule pendant Paradise City, nous avons souri de contentement à la sortie du Métropolis en regrettant de s'être départi de notre vieux t-shirt de Guns N' Roses.