Se produire au Centre Bell trois soirs consécutifs est un privilège réservé à très peu d'artistes au Québec. Et Marie-Mai le fait à la hauteur des grandes chanteuses pop américaines.

À l'image du Canadien de Montréal la veille, qui l'a emporté sur les Sénateurs d'Ottawa, Marie-Mai a complètement dominé le Centre Bell, samedi soir.

Le spectacle a débuté en grand. Huit joueurs de tambours sont arrivés des quatre coins des gradins. Des éclairages sauvages ont illuminé la scène à l'arrivée de danseurs et cracheurs de feu. Cet univers tribal mettait la table pour la chanson C.O.B.R.A., que Marie-Mai a entonnée avec puissance et intensité. Empoignant une torche, la chanteuse a même allumé un anneau marqué d'un «M» qui s'est enflammé dans les airs. Spectaculaire.

Guy Lévesque a signé une mise en scène de haute voltige à la fois simple, puissante visuellement et de grande qualité. En faisant défiler sur des écrans géants des images de fumée, d'ampoules électriques et de formes géométriques colorées, le ton était tantôt dynamique et dansant, tantôt envoûtant et intime. Chapeau pour les pyramides de miroirs placées devant les musiciens pendant quelques chansons. Fort intéressant comme effet visuel.

Avec ses longs cheveux dans le vent, sa robe blanche scintillante et ses talons hauts qui ne l'empêchaient pas de danser, Marie-Mai brillait de mille feux. «Si vous saviez comment j'avais hâte de vous retrouver», a-t-elle lancé à la foule.

Pendant la première partie de son spectacle, Marie-Mai a interprété des titres des trois derniers de ses quatre albums, dont Mentir, Déjà loin et Qui prendra ma place. Ses musiciens et elle forment une tribu sur scène. Marie-Mai est bien entendu en symbiose avec son mari et complice musical, Fred St-Gelais. Quand elle marche devant lui en lui chantant droit dans les yeux «C'est toi qui as mon coeur et il n'ira jamais ailleurs», les paroles prennent tout leur sens.

Marie-Mai n'a besoin de convaincre personne quand elle dit avoir «une relation particulière avec ses fans». Elle a même écrit la chanson Différents pour deux fans qui lui avaient confié ne pas se trouver «beaux et bons». Marie-Mai a interprété la ballade avec les Petits chanteurs de Laval. C'était mignon, sans être mièvre. Même le segment avec ses protégés de l'émission La voix était chaleureux en évitant les pièges de la «plogue». Bonne idée rassembleuse d'interpréter le tube Home, popularisé par Phillip Phillips.

Si Marie-Mai est consciente que sa musique est un «plaisir coupable» pour plusieurs hommes, elle a aussi les siens, a-t-elle expliqué aux spectateurs. Non seulement son medley New Kids On The Block/Backstreet Boys/EnVogue/Spice Girls/Beyoncé a fait bondir les 10 000 spectateurs de leur siège, mais il a prouvé au public que Marie-Mai a l'étoffe des grandes chanteuses pop-rock nord-américaines. Sa version de Free Your Mind d'En Vogue annonce que le meilleur de Marie-Mai est à venir si elle fait les bons choix musicaux.

Les chansons de Marie-Mai reposent sur des bases mélodiques pop-rock solides, donc elles peuvent se bonifier à grand déploiement au Centre Bell. Ses musiciens les exploitent à leur plein potentiel pop et rock. Grande valeur ajoutée: la venue du claviériste Guillaume Marchand au sein du groupe formé de Fred St-Gelais, du guitariste Guillaume Doiron, du bassiste Robert Langlois et du batteur Maxime Lalanne.

Aucun temps mort

Le spectacle de Marie-Mai, qui fait plus de deux heures avec l'entracte, ne comprend aucun temps mort (sans compter la longue séance de signature d'autographes qui suit). La deuxième partie est un feu roulant: C'est moi, Young And Wired, Jet Lag chanté avec son chum, des medleys de U2 et Usher pour remercier ses fans et souligner son amour avec Fred St-Gelais (quel couple ces deux-là!), et une finale avec Emmène-moi.

Marie-Mai aime profondément ses chansons. Il fallait la voir danser et «tripper» en chantant Sans cri ni haine, dont elle a emprunté la musique à la chanteuse pop suédoise Robyn. Elle avait le visage d'une adolescente qui entend sa chanson préférée à la radio.

Avec son CV, Marie-Mai pourrait être au-dessus de ses affaires. Elle dit «ne rien tenir pour acquis» et elle a bien raison. En spectacle, elle va chercher par la main chaque spectateur qui est dans la salle.

Au cours des dernières années, la chanteuse a multiplié les albums platine, les trophées, les Centre Bell et les collaborations prestigieuses, que ce soit avec Simple Plan ou Johnny Hallyday. Le plus important: elle est devenue une redoutable bête de scène.