Il faut fournir de très gros efforts de misanthropie pour ne pas apprécier Catherine Durand mais... de très gros efforts sont-ils nécessaires pour l'apprécier vraiment? Ce mercredi à L'Astral, c'est à cette  question qu'il faut répondre.

Depuis ses débuts, elle a mené une carrière relativement discrète, trajectoire marquée par l'humilité mais aussi par le sens de l'accroche, la ténacité, la curiosité, le désir d'apprendre. Petit train a fait du chemin, la voilà rendue devant nous en cette soirée d'intense giboulée. La voilà prête à défendre la matière de son opus récent, Les murs blancs du Nord. Au coeur d'un festival de février, donc, le vecteur hivernal est de mise. Et puisque la matière principale au programme s'inspire d'un voyage effectué en Islande, c'est d'autant plus d'adon.

L'aube t'attendra, La gueule du loup, Les murs blancs... Trois chansons plus tard, on a ressenti l'évolution tangible de Catherine Durand. Chansons écrites dans un québécois de bon aloi, textes honnêtes d'une femme qui cherche dehors, et surtout dedans. Qui dépeint l'intimité du coeur, qui décrit le cadre où se vit cette proximité des êtres sans toutefois en exprimer la dimension charnelle. Chansons plus matures, jouée avec plus d'aplomb malgré ce fond de douceur candide.

À cette placidité, à ce calme discret, il lui faut ponctuer, opposer des choses. Créer une tension entre sa force tranquille et le feu qui couve en elle. Faire en sorte que les éruptions puissent se produire sur les surfaces les plus lisses. Il semble bien qu'elle ait pigé.

Sur scène comme en studio, elle n'en est plus aux exercices de style americana. Au cinquième chapitre de sa discographie, il est facile d'identifier un son plus personnel. C'est patent à l'écoute de Souvenirs, une des plus réussies. La guitare de Jocelyn Tellier y est remarquable, les claviers de Denis Faucher y sont plus qu'acceptables, la batterie de Justin Allard y est très efficace, la basse de Catherine (qu'elle partage avec Jocelyn selon les pièces) sait y maintenir le groove. Même certains retours en arrière, tels l'Odyssée ou Je vais rester, jouissent de nouveaux éclairages et s'éloignent définitivement des convenances FM.

Ajoutons à cela quelques séquences d'improvisations indie-prog-rock bien senties, et nous avons le net sentiment que ses chansons peuvent s'envoler. La pause est terminée, on a eu le temps de craindre que les défauts surgissent. Les voilà, les vlimeux: chantées en soliloque, Mon coeur te portera ou Diaporama ne transcendent rien de leurs références folkies. Aussi en mode acoustique, les bivouacs collectifs sur les airs de Peu importe et Peine perdue n'ont vraiment pas le panache des nouvelles propositions. Fort heureusement, on y revient avec Point de départ et Des cendres de nous, ces considérations plus négatives ont tôt fait de se dissiper.

Nous sommes prêts pour des rappels toniques, Aujourd'hui, Le temps presse. Et nous sommes prêts à répondre à la question.