Après Londres, Paris et New York, Patricia Kaas a présenté, jeudi soir à guichets fermés à l'Olympia de Montréal, son hommage à Édith Piaf. Un spectacle multimédia haut en couleurs qui fera le tour du monde en 2013. La chanteuse a offert à ses fans québécois pas moins de 21 titres du répertoire de la Môme, disparue il y aura bientôt 50 ans.

Ces chansons se retrouvent (presque) toutes sur son album Kaas chante Piaf, sorti début novembre, et enregistré avec le Royal Philarmonic Orchestra. Elle a puisé dans l'immense répertoire de Piaf (environ 400 morceaux), autant des succès immortels (Milord, Padam Padam) que ses pièces moins connues (Avec ce soleil, T'es beau tu sais). Et qui demeurent toujours aussi touchantes les unes que les autres.

Accompagnée de trois musiciens sur scène, Kaas, les mains jointes, ouvre le bal en entonnant le vibrant Mon Dieu. La voix est grave, le geste théâtral, la présence lumineuse... On est bien devant une artiste qui interprète Piaf, et non une imitatrice. Durant les deux prochaines heures, qui passent vite, Kaas va nous projeter dans un univers loin du vérisme et du tragique de la rue. Un univers plus glamour et Hollywood (les arrangements et la direction musicale des chansons sont d'Abel Korzeniowski, un compositeur de musique de films hollywoodiens). Un croisement entre le destin de deux stars, finalement.

Kaas parle (entre les chansons), danse, joue et se transforme au cours de son spectacle à la théâtralité assumée. La mise en scène, les chorégraphies, les costumes, les projections lumineuses et les films d'archives nous en mettent plein la vue! Kaas a même souvent recours à un danseur/acteur/pantomime, tel un ange qui gravite autour de l'interprète. C'est justifié: Piaf aimait les jeunes hommes. Mais ce dernier devient vite distrayant: on est venu voir Kaas chanter Piaf, après tout.

Pendant Milord, des images en gros plan du visage bouffi et cerné de l'acteur Alain Delon sont projetées sur un écran géant. La nostalgie opère. Kaas a gardé pour la fin trois méga-hits signés Piaf. Avec La Vie en rose et Hymne à l'amour, l'interprète, en robe de tulle blanche, est à son sommet! La voix épouse parfaitement l'émotion. Puis, elle chante La Belle histoire d'amour avec des gants de boxe, en souvenir du boxeur Marcel Cerdan pour qui Piaf a écrit ces trois merveilleuses chansons d'amour. Visiblement, Patricia Kaas, toujours aussi belle et séduisante à 45 ans, est, comme son idole, une grande amoureuse!

Après une ovation debout, Kaas offre en rappel Non je ne regrette rien. Avec son grand boa de plumes noires autour du cou, qui lui donne des airs de Barbara, elle s'approprie parfaitement ce classique. Mais encore là, on projette sur l'immense écran en toile de fond, des images d'un cheval fou qui se débat, tombe, puis se relève. Pourquoi une métaphore chevaline pour souligner la résilience de la Môme? Pour illustrer une chanson qui est déjà une allégorie universelle?!

C'est notre unique bémol: il y a trop d'artifices et d'éléments inutiles dans la mise en scène. Comme si Patricia Kaas ne se faisait pas confiance. Pourtant sa forte présence, sa grande expérience et sa voix chaude portée par ce répertoire immortel suffisent amplement à meubler la scène. Et à rendre un vibrant hommage à Piaf.

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Kaas chante Piaf, jeudi soir à l'Olympia.