Il n'arrête jamais, Jamil. Depuis son accident vasculaire cérébral, en octobre 2008, il a souvent remonté sur les planches, en plus de réaliser deux disques. Mardi soir, le chanteur revenait chez lui, au Petit Medley, devant une salle pleine de fidèles.

Dans T'es pas comme ma mère, Jamil enchaîne ses succès et six nouveaux opus. Le ton est moins groove-funky-blues qu'en 2009. Toujours accompagné de son guitariste LG Breton (séquelle de deux opérations au cerveau, Jamil a perdu un peu de dextérité de la main gauche), l'auteur de Je pète au lit avec elle propose un spectacle sage et intimiste. D'ailleurs, c'est avec ce dernier tube que Jamil ouvre la soirée.

D'emblée, on ressent un certain paradoxe. Jamil chante encore que la chair est faible et Ah! que les femmes sont belles... Mais, sur scène, l'interprète de 51 ans n'est plus le mauvais garçon des jours anciens, avec ses 20 kilos en moins, ses traits tirés... et cette tristesse au fond des yeux. Le bon vivant, amateur de blagues salaces et de rimes grivoises, n'arrive plus à masquer ses failles. Comme si le Jamil de Des bébés partout ou de Pitié pour les bums faisait désormais partie du passé.

Attention, Jamil reste Jamil. Il n'a pas perdu sa verve, son talent, ni son timing comique. Certaines de ses blagues font rire aux éclats. Elles portent sur ses thèmes de prédilection: le cul, bien sûr, les rapports hommes-femmes, le déracinement culturel. Celle-ci par exemple, un condensé de l'âme du chanteur mi-Marocain, mi-Français, Québécois d'adoption: «Le jour où le Québec deviendra musulman, ce sont les hommes qui vont porter le voile!»

On dit de Jamil qu'il est un croisement entre Pierre Perret, Boby Lapointe et Brassens. L'ex-agent d'artistes et producteur est résolument un poète du quotidien à deux, un troubadour de l'amour tendre et cru. Avec Les moitiés ou Les pendules à l'heure, chaque mot résonne et évoque avec justesse nos petites joies et misères.

Jamil fait encore débouler les mots et les images dans ses nouvelles chansons. Parfois avec justesse (Comptine à la con), parfois maladroitement (Je change d'équipe, qui démontre que le chanteur ne comprend pas vraiment les gais).

Finalement, cette nouvelle chanson résume le paradoxe: Jamil résistera toujours au changement.

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Jamil, demain et samedi au Petit Medley. Info: www.jamilxxx.net