Pour tester une nouvelle configuration «amphithéâtre» visant à remettre le Stade olympique dans le circuit des salles de concert montréalaises, rien de mieux qu'une salle bondée et un artiste d'envergure internationale. Vendredi soir, ils étaient près de 11 000 à hocher des hanches pour la mégastar américaine aux racines portoricaines Marc Anthony et sa spectaculaire salsa.

D'emblée, reconnaissons que l'événement fut une réussite, à plusieurs égards. D'abord sur le plan marketing: sans quasiment aucune publicité dans les grands médias et en dirigeant ses efforts sur les médias de la communauté latino-montréalaise, les producteurs du concert (Von J, qui avaient fait venir Daddy Yankee au stade Uniprix) ont réussi à faire salle presque comble - 12 000 places étaient disponibles dans les plans de la configuration amphithéâtre. C'est énorme.

Ensuite, il fallait s'assurer qu'une telle configuration puisse améliorer la qualité sonore de la grande cuve olympique, que l'on savait déficiente (pour rester poli).

Le son du Stade

Pour le concert, la grande scène avait été érigée presque au centre du terrain, face au marbre. Le parterre pourrait contenir deux milliers de fans, il y en avait sans doute moins, ce qui semblait créer une certaine distance entre les chanceux tout près et la majorité des autres dans les gradins. Côté sono, on constatait une nette amélioration, mais c'était encore loin d'être parfait.

Tous les rideaux anti-réverbération du monde ne pourront évidemment pas transformer le Stade en Maison symphonique: les murs bétonnés et la hauteur du plafond créent un écho impossible à harnacher. La basse avait été ajustée au mieux: pas trop résonnante, mais insistante. Les cuivres avaient un peu de mal à la percer, mais la voix d'Anthony était nette. L'effet de réverbération était spécialement évident lorsque la foule entonnait les refrains du chanteur. On n'entendait plus que la rumeur de la foule, amplifiée par l'architecture du stade.

Rien toutefois pour gâcher notre plaisir. Marc Anthony a été impérial sur la large scène de l'amphithéâtre du Stade olympique. Son orchestre, constitué de près d'une quinzaine de musiciens (section de cinq cuivres, trois percussionnistes, autant de choristes), est impeccable. La grande classe: un top orchestre de bal salsa, rutilant et sexy, deux caractéristiques s'appliquant aussi à la star dont la dernière visite à Montréal, sauf erreur, remontait à 2007 dans un programme double avec son «ex» Jennifer Lopez.

On a beau entendre Anthony à tour de bras sur nos radios commerciales entonner le refrain dance-pop du succès Rain Over Me de Pitbull, le coeur de l'artiste, lui, est bien enraciné dans les rythmes portoricains.

Une seule ballade de son dernier album (Iconos) de reprises s'était faufilée dans le programme: Y Como Es El du grand auteur-compositeur-interprète espagnol José Luis Perales (suave à souhait). Le reste de la soirée allait de succès en succès - avec 12 albums au compteur, Anthony a l'embarras du choix. Les fans, de tous âges à qui il s'adressait exclusivement en espagnol, étaient aux anges.