Le Centre Bell était plein à craquer samedi soir dernier. Pour ceux qui cherchaient un peu de fraîcheur en cette journée caniculaire, c'était raté! D'autant que les stars de ce programme double ont la réputation de faire monter la température: l'Espagnol Enrique Iglesias et l'Américaine Jennifer Lopez.

Aux fans nombreux, il fallait ajouter la présence de journalistes étrangers, puisque Montréal était l'hôte des deux premiers concerts du Enrique Iglesias & Jennifer Lopez Tour, qui traversera les États-Unis jusqu'en septembre. Soyons alors indulgents à propos des problèmes de sonorisation: son atroce durant la première moitié de la performance de Lopez, problèmes de moniteurs et de feedback pendant celle d'Iglesias. Comme pour ces écrans géants LED mal ajustés, la première de cette tournée était aussi l'occasion de peaufiner la technique.

C'est sans doute l'inexpérience de scène de l'ex-juge d'American Idol qui a déterminé que Lopez jouerait avant Iglesias. Performance pour performance, il s'agit d'un mauvais choix: Iglesias a peut-être la faveur du public montréalais, mais son tour de chant s'est avéré beaucoup moins spectaculaire que celui de JLo.

Écrans géants, escaliers au centre de la scène, troupe de danseurs, effets pyrotechniques et changements de costumes étaient au coeur de cette opulente performance en quatre tableaux durant laquelle «Jenny from the Block» a déballé ses nombreux hits.

C'était franchement réussi. Un brin coincée vu qu'elle brisait la glace, JLo a montré qu'elle a du coeur. Ça se sentait dans chaque pas de danse et chaque envolée vocale, comme si Lopez voulait sortir de l'ombre de toutes les divas dance-pop apparues depuis le début de sa carrière de chanteuse, à la fin des années 90. Elle a chanté la majorité de ses succès, de Get Right en ouverture à la récente Dance Again, en passant par Waiting for Tonight, Jenny from the Block, If You Had My Love, Qué Hiciste et Do It Well.

La recette d'Enrique

Après la finale pétaradante de Lopez, c'était limpide: Iglesias aura fort à faire pour l'accoter, et ses derniers concerts à Montréal n'auguraient rien de pétaradant. L'entracte de près de 45 minutes aura permis à l'équipe technique de procéder à un changement de scène radical, puis le bel Espagnol s'est présenté, et l'auditoire s'est levé d'un coup pour l'accueillir.

On a eu droit à une version légèrement écourtée des deux derniers concerts d'Iglesias. Mêmes chansons ou presque: Dirty Dancer, Bailamos, Be With You, Escape, No Me Digas Que No et autres bombes à mi-chemin entre la pop latine et la dance-pop. Même look négligé, même recette: le musicien chante mais ne danse pas et passe plus de temps à faire le beau qu'à s'étirer les cordes vocales. Mais comme lors des derniers rendez-vous, ça marche.

Le clou de la soirée avait certes des airs de déjà-vu, mais reste aussi fascinant qu'imprévisible. Iglesias choisit un membre de l'auditoire et l'invite à prendre un verre sur scène, le temps de deux chansons acoustiques. Les femmes ont eu le coeur brisé en voyant la star choisir Joshua, un jeune homme qui a avoué être d'abord venu pour JLo!

Iglesias a beau nous faire le coup à chaque concert, ça reste un moment d'une grande générosité où la star apparaît comme un véritable chic type proche de ses fans. La conversation à bâtons rompus avec l'heureux élu est naturelle, et le plaisir que le chanteur prend à chanter et à boire des shooters avec son ou sa fan est authentique.

Malgré tout, Enrique Iglesias n'a pas réussi à surpasser la spectaculaire performance de JLo. Gageons qu'en cours de route, c'est lui qui lancera le bal latino.