Des spectacles dans la grande tradition américaine comme celui que Neil Diamond a donné hier soir au Centre Bell, Montréal n'en voit pas souvent. Diamond lui-même n'avait pas mis les pieds chez nous depuis le millénaire précédent, mais les 9357 fans qui l'ont attendu toutes ces années ont sans doute eu l'impression que le temps s'était arrêté en cours de route.

Neil Diamond est un grand de la chanson, pas seulement américaine. Pourtant, comme il nous l'a rappelé, il s'est buté à des portes closes pendant huit longues années avant que sa chanson Solitary Man ne se fraie un chemin dans les palmarès. Puis, les Monkees ont repris I'm a Believer, sa Cherry Cherry a suivi le sentier vers les hauteurs tracé par Solitary Man et the rest is history, comme le disent les Américains: les ballades intemporelles, Jonathan Livingston le goéland, le duo avec la Streisand, la collaboration avec Bécaud et j'en passe.

On a donc eu droit à un spectacle classique, sans véritable surprise, celui d'un pro appuyé par onze musiciens et trois chanteuses. Un chanteur en voix dont les chansons font toujours mouche. Un entertainer de première classe qui finit de mettre le public dans la poche arrière de son pantalon en leur racontant sa vie entre deux chansons.

«Vous êtes trop généreux, trop gentils. Je ne suis pas digne de cet accueil, mais pendant le reste de la soirée, nous allons tenter de l'être», a-t-il dit avant de bâtir le rythme de Cherry Cherry sur sa guitare acoustique. Le spectacle a vraiment levé à ce moment précis, puis chacun des musiciens a pris un court solo pendant que le chanteur dansait au milieu de son orchestre.

Un grand moment

Autre grand moment beaucoup plus tard: l'hymne Holly Holy rendu dans toute sa puissance. On ne peut en dire autant de sa version ralentie de Solitary Man, qui nous a donné le goût de réécouter celle d'origine, ou encore l'émouvante adaptation qu'en a faite Johnny Cash. I'm a Believer en ballade acoustique est, au mieux, une curiosité. Et Red Red Wine n'incitait pas vraiment à danser comme il nous l'avait demandé. Par contre, You Got To Me était amusante en blues-boogie.

Mais bon, ce n'était pas une soirée pour les amateurs du Diamond première époque, celui des Bang Years. Contrairement aux Beach Boys la veille, Neil Diamond a connu des grands succès après les années 60 et le public a acclamé la superbe Girl, You'll Be a Woman Soon, America, You Don't Bring Me Flowers en duo avec une choriste à qui on n'a pas enseigné les vertus de la retenue, et la joyeuse Sweet Caroline qui n'en finissait plus de finir.