Le principal intérêt du concert de fin de saison de l'Ensemble instrumental Appassionata était la première montréalaise de la huitième Symphonie de Schubert, l'Inachevée, dans la version complétée, et donc achevée, du musicologue britannique Brian Newbould.

Telle que laissée par Schubert en 1822, l'oeuvre tient en deux mouvements seulement; le deuxième n'a rien d'un finale traditionnel, il est plutôt lent et appelle incontestablement une suite. Schubert avait d'ailleurs entrepris un troisième mouvement, un Scherzo, demeuré à l'état d'esquisse pour piano. Plusieurs tentatives ont été faites pour terminer l'Inachevée, la plus connue étant celle de Newbould. Celui-ci a orchestré et complété le Scherzo et utilisé le premier entracte de Rosamunde, également de Schubert, en guise de finale.

L'initiative de Daniel Myssyk était originale et méritoire et son ensemble augmenté à 36 musiciens a apporté beaucoup de soin à l'exercice. Néanmoins, le «Schubould» entendu reste une chose hybride et sans réel intérêt musical. Au départ, le Scherzo est plutôt gauche; il est même permis de croire que Schubert s'en est tout simplement désintéressé. Quant à l'extrait de Rosamunde, il est difficile d'y voir un vrai finale de symphonie.

On ne saura jamais pourquoi l'oeuvre n'a pas été complétée et, bien qu'ils laissent l'auditeur en plan, ses deux mouvements sont pleinement satisfaisants comme tels. M. Myssyk les a d'ailleurs traduits avec un réel sens dramatique. On aurait simplement souhaité un meilleur niveau d'exécution. Dans l'ensemble, tout s'est bien déroulé, mais il y eut trop de petites imperfections ici et là, principalement en ce qui concerne la justesse des premiers-violons.

Il faut bien reconnaître aussi que la salle de concert de 228 places du Conservatoire, même lorsqu'elle est remplie, comme c'était le cas, est affectée d'une acoustique capricieuse. Un quatuor à cordes y sonne bien. Une voix seule y est très réverbérée. Un orchestre de 36 musiciens, comme Appassionata, y produit dans les tutti une surcharge fort désagréable.

M. Myssyk ouvrit le concert avec l'aimable mais bien longue Sérénade op. 22 de Dvorak où seuls ses 20 cordistes étaient en scène. Précédemment, l'ancien premier ministre Bernard Landry, grand ami d'Appassionata, avait adressé la parole. M. Myssyk annonça ensuite que son ensemble portera désormais le nom d'Orchestre de chambre Appassionata.

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ENSEMBLE INSTRUMENTAL APPASSIONATA. Dir. Daniel Myssyk. Jeudi soir, Conservatoire de musique.

Programme:

Sérénade pour cordes en mi majeur, op. 22, B. 52 (1875) - Dvorak

Symphonie no 8, en si mineur, D. 759 (Inachevée) (1822) - Schubert (version Brian Newbould)