Après un EP et trois albums aux aspirations artistiques et aux aventures sonores différentes, Malajube ne se résume pas qu'à de la musique, mais à un univers, une imagerie et des concepts. Des concepts qui ne sont pas clairement définis, mais qui, au bout du compte, tracent une évolution d'un disque à l'autre avec des thèmes récurrents (nos bébittes intérieures, l'amour tout-puissant, être conséquent avec nos idéaux, etc.).

Il suffit d'avoir vu le spectacle concept Cube rubiques, que Malajube a donné à la Place des Arts lors des dernières FrancoFolies, pour deviner à quel point il s'en brasse des idées et de la créativité dans les têtes de Julien Mineau, Thomas Augustin, Mathieu Cournoyer et Francis Mineau.

Les textes des chansons de Malajube laissent beaucoup de place à l'interprétation. Mais en extrapolant autour du titre de ses albums (surtout pour Labyrinthes et La caverne), Malajube crée des imaginaires qui font sens de la pochette aux musiques et chansons.

C'est un tel sentiment de «concept» que nous avons eu sur la scène de La Tulipe, hier soir, en voyant la transposition scénique de La caverne (signée Mathieu Roy). Que ce soit l'impressionnant éclairage et ses faisceaux lumineux colorés, ou les nombreuses lignes blanches qui s'entrecroisaient en voilant des projections, tout évoquait l'esthétique de la pochette de La caverne et l'ambiance rétro-futuriste pop de ses chansons.

Fidèle à son habitude, Malajube a décidé de faire un spectacle (qui aura une supplémentaire ce soir) plutôt qu'un 5 à 7 pour lancer son nouveau album.

Malajube a d'abord interprété l'intégrale de La caverne en respectant l'ordre des chansons. Après Synesthésie, l'excellente Cro-Magnon et la pièce-titre, force était de constater pour ceux qui avaient écouté plusieurs fois l'album que son interprétation live est plus puissante, enveloppante et inévitablement plus rock. Et c'était encore davantage manifeste que La caverne fait la synthèse musicale des trois albums précédents de Malajube, avec tous ses ingrédients magiques réunis: des confettis pop, une fougue rock, des mélodies accrocheuses, des arrangements éclatés, des envolées prog, etc.

Malajube a poursuivi avec Sangsues, servie avec une finale différente aux claviers, et des éclairages verts en contre-plongée qui créaient une sorte d'ambiance «halloweenesque».

«On est bien contents d'être là ce soir pour vous présenter nos nouvelles pièces», a alors lancé à la foule le chanteur Julien Mineau.

Après la pause douceur de Mon oeil, Malajube en enchaîné avec Le blizzard, dont le rythme saccadé et les claviers d'inspiration disco sont d'une redoutable efficacité en spectacle.

Jusqu'à la fin de La caverne, Julien Mineau, Mathieu Cournoyer, Thomas Augustin et Francis Mineau ont joué en symbiose. Sur scène, leur force a toujours été de créé un mur de son plutôt que de tendre la main au public. Mais cela n'a pas empêché les quatre complices d'être généreux et sensibles à l'intérêt du public, hier soir.

Après l'intégrale de La caverne, la soirée était loin d'être terminée. Pour le premier «rappel», Malajube a créé un moshpit avec Montréal -40, pour ensuite entonner les airs pop-militaire de Jus de tomate, la chanson «bonus» de La caverne.

Le groupe a pigé dans tous ses albums, des succès du Compte complet (Jus de citron, Les dents), à ceux de Trompe-l'oeil (Le crabe) et Labyrinthes (Ursuline, Cristobald).

La foule n'a pas eu droit à La monogamie ou à Étienne d'août, mais à une ballade (Rêves mouillés, b-side de La caverne) qui se termine dans un incroyable délire prog, où nous avons rarement vu Julien Mineau aussi habité sur scène. «Merci d'être encore là», a dit au public Thomas Augustin pendant le spectacle.

À nous de dire merci à Malajube pour son puissant imaginaire renouvelé. Après l'exploration de son troisième album Labyrinthes, Malajube revient avec des chansons plus pop et expéditives sur La caverne. Il n'y a pas les étincelles de Trompe-l'oeil, mais notre plaisir est toujours là, et il est toujours grand.