Ricky Martin s'était donné le mandat de faire danser le Centre Bell mardi soir en proposant un spectacle-somme. Il avait promis ses plus grands succès? Il a tenu parole. Mais l'ambiance a mis du temps à s'installer. On pouvait d'ailleurs compter des sièges vides dans les gradins, ceci expliquant peut-être cela.

Visiblement en pleine possession de ses moyens, le showman portoricain, qui célèbrera son 40ème anniversaire cette année, s'est présenté au centre d'un immense échafaudage, danseuses et danseurs l'appuyant dans son attaque de Sera Sera.

Tout de cuir noir vêtu, arborant une coupe dont on jurerait qu'elle vise le «mohawk», le performer aura pourtant dû attendre la première ballade (Vuelve), ponctuée de quelques mots de présentation en français, avant de vraiment gagner la foule, constituée quand même de quelques milliers de personnes.

Dans l'équation MAS («musique, âme, sexe»), titre du plus récent album, et de cette tournée amorcée il y a un peu plus de deux semaines, le sexe se taille sans contredit la part moins congrue du spectacle. It's Allright, que Martin chante entouré de deux guitaristes au torse nu, ne pouvait être plus équivoque à cet égard. La sortie du placard est par ailleurs évoquée à travers des témoignages que livre en voix hors champ un homme ayant dû faire face à l'intolérance. Des inserts video, pas tous de même nature, interviennent à quelques reprises dans ce spectacle sans entracte, histoire d'introduire les différents tableaux et de permettre à l'artiste ses nombreux changements de costumes.

Machine bien huilée

Cela dit, Martin ne s'est pas transformé en militant pour autant. Comme l'attendaient ses admirateurs, il s'est vigoureusement «brassé le bonbon» et il a invité son public à en faire de même. Les chorégraphies sont réglées au quart de tour, la mise en scène, dynamique, est  appuyée par un dispositif astucieux, bref, on a quand même ici affaire à une machine impeccablement bien huilée.

S'il a bien entendu inséré des titres plus récents dans son répertoire (des danseuses manient le fouet pendant Frio!), ce sont néanmoins les Maria, The Cup of Life, La Bomba, et autres Living la Vida Loca qui ont suscité le plus d'enthousiasme. Plusieurs ballades ont aussi été reprises en choeur par la foule dans la langue de Cervantes. Fierté latino en prime. Le tableau dans lequel figurent She Bangs, Shake Your Bon Bon et Loaded s'est par ailleurs distingué grâce à des arrangements plus jazz, rappelant parfois l'atmosphère enfumée des boîtes d'une autre époque.

L'escale montréalaise ne sera peut-être pas à marquer d'une pierre blanche dans la tournée mondiale de Ricky Martin, mais elle aura néanmoins ravi les fans les plus fidèles. Au rappel, avec l'entraînante Lo Mejor de mi vida, le feu était enfin pris dans la place. Dommage qu'il ait fallu autant d'efforts pour l'allumer.