On a eu droit, dimanche soir, à la visite annuelle de Josh Homme - en mai 2010, c'était avec Them Crooked Vultures -, leader de Queens of the Stone Age, et quelque chose nous dit que ce ne sera pas la dernière de l'année. En pause de l'enregistrement de son nouvel album, le quintette californien a fait à ses fans une proposition pour le moins inattendue: écouter, tous ensemble, le tout premier album (éponyme) du groupe, lancé il y a 13 ans.

Au cours de la dernière décennie, les «tournées d'albums» ont gagné en popularité. Brian Wilson jouant Smile et Pet Sounds. Roger Waters qui refait The Wall ou Dark Side of the Moon. Les Pixies qui jouent Doolitle, ou Primal Scream replongeant dans Screamadelica. On pourrait évidemment en nommer d'autres. Or, tous ces albums ont un point en commun: ils sont devenus des classiques. Au contraire du premier disque de Queens of the Stone Age, lancé en 1998.

C'est un bon disque, à n'en point douter. Un candidat au statut d'album culte, une pierre blanche sur la route du stoner rock. Mais pas au point d'en faire le point focal d'une tournée.

La réédition dudit album (chez Domino, avec chansons en prime) ne justifie pas, à elle seule, la décision de Homme et cie. Il s'agit plutôt d'un retour aux sources pour un groupe en quête d'inspiration pour son prochain album.

C'est aussi une distraction assurée alors que refont surface des rumeurs de réunion de Kyuss, groupe précédent de Homme et du batteur Alfredo Hernandez, qui avait coécrit ce premier Queens of the Stone Age.

L'intérêt d'une telle performance était double. D'abord, entendre live des chansons qui sont rarement au programme des concerts « normaux « du groupe. Ensuite, mesurer l'évolution du son du groupe au vu du traitement de ces chansons d'antan.

La machine QOTSA a commencé à vrombir à 21h pile-poil, et on sentait illico que le groupe ne cherchait pas à regarder en arrière, à refaire les compositions originales. Le blues rock pesant et saoulant des débuts a subi une mutation en 13 ans, devenant plus cérébral, moins viscéral. Moins blues, précisément: le solo de guitare de Walkin' on the Sidewalks rappelait les origines, mais le groove était solidement mécanique, la rythmique, motorisée.

QOTSA a offert une performance moins assommante qu'à son habitude, dosant bien l'exécution de la soirée entre les chansons plus denses: la montée rock par paliers de You Would Know, le riff façon Black Sabbath de How to Handle a Rope, cette étrange I Was a Teenage Hand Model, qui pourrait passer pour une ballade dans le répertoire du groupe, suivie, en fin de première partie, de la déflagration psychédélique You Can't Quit Me Baby et son cacophonique coda.

«Merci beaucoup!» a lancé Homme avant de prendre la direction des coulisses. De retour sur scène, il a offert deux rappels de près de 40 minutes.

Le heavy-funk atypique de Turnin' on the Screw de Era Vulgaris (2007), le train fou de Monsters in the Parasol, «une chanson à propos de LSD» tirée de Rated R (2000), la langoureuse et inquiétante Little Sister de Lullabies to Paralyze (2005), l'orgie de guitares fuzz de Better Living Through Chemistry, l'immense No One Knows du vrai classique du groupe, Songs for the Deaf (2003), puis A Song for the Deaf du même album.

Le Métropolis, qui affichait complet, a brandi le poing et hoché de la tête pendant une centaine de minutes sur le parterre. Homme sera à nouveau le bienvenu lorsqu'il aura du matériel neuf.