Pas besoin de chercher bien loin dans nos souvenirs. La dernière fois que Bon Jovi nous a conviés à la fête, c'était il y a moins d'un an, le 19 mars 2010, pour être précis. Et rebelote! Pas une, même pas deux, mais trois nouveaux concerts, supplémentaire du 4 mai incluse.

Alors Jon, quoi de neuf depuis la dernière fois? Rien, sinon des Greatest Hits lancés en octobre. Que des airs de déjà-vu. Pas grave, les fans ont adoré.

De deux choses l'une. De un, la tournée marche à fond la caisse, le public aime la formule, normal que Jon, Richie et les autres fassent encore du chemin sans changer un iota, sinon l'ordre et le choix des chansons.

Et de deux: on n'attire pas plus d'un million de fans par an en donnant de mauvais concerts. Bon Jovi ne donne pas de concerts décevants, ainsi qu'il nous l'a prouvé hier, et qu'il le prouvera encore ce soir.

À nouveau, les rockers vieillissants (28 ans de carrière, tout de même!) ont fait le plein, attirant presque 21 000 spectateurs. C'est exceptionnel, et rendu possible par des sièges occupés jusqu'au ciel, derrière la scène dégagée, et sur un parterre complètement vendu. Quand tout ce beau monde crie, les tympans en souffrent.

Ils ont souffert longtemps, Bon Jovi étant notoirement généreux. Un vrai marathon d'une trentaine de chansons, deux heures trente de rock sage et cajoleur. Les jeunes «pouels» d'antan sont devenus un groupe chouchou de l'Amérique en embrassant leurs racines country, blues et gospel pour mieux faire ressortir le franc côté mélodique du tandem Jon Bon Jovi-Richie Sambora. Musicalement, ils ont mûri, avec leurs fans, incidemment. Beaucoup de quarantenaires s'étaient retrouvés pour réentendre les meilleures chansons du groupe, dont ils connaissaient par coeur les paroles.

La soirée a commencé peu avant 20h, avec Jon sur une petite scène, tout à l'extrémité de la patinoire, et les autres sur la vraie scène. Début prudent avec la méconnue Last Man Standing (de Have a Nice Day, 2005). Jon a ensuite couru jusqu'à ses comparses pour tonner le classique You Give Love a Bad Name du non moins classique Slippery When Wet de 1986, pierre d'assise du répertoire joviesque. On a suivi avec Born to Be My Baby, et vous devinez bien, c'était déjà dans la poche. Les mains en l'air, les gens qui chantent et battent la mesure, du gros fun classic rock.

Sur scène, absolument rien n'avait changé depuis la dernière fois. Même passerelle s'avançant dans le parterre, mêmes écrans LED suspendus qui se défont comme des morceaux de robot. Mêmes écrans-plateformes fixés à des bras mécaniques. Et, malheureusement, même manque de rythme en cours de route, alors que le groupe nous perd un peu avec un segment ballade qui s'étire et trop de chansons récentes - What Do You Got pendant le passage ballades acoustiques aux deux tiers de la soirée, No Apologies à la fin, The More Things Change avant Living on a Prayer au rappel, trois banalités inédites ajoutées aux Greatest Hits.

Bien sûr, nous étions tous là pour ces autres, les vrais hits, que nous avons reçus avec plaisir. Manifestement, c'était réciproque: le sourire coquin de Jon, les solos de Richie, le groupe s'est donné, ça se sentait, ça vibrait. Plaisir renouvelé d'entendre It's My Life, Bad Medecine (même en version interminablement longue, entrecoupée de Pretty Woman, comme la dernière fois...), I'll Sleep When I'm Dead, Have a Nice Day, Faith et Wanted Dead or Alive au rappel.

Alors, tous ceux qui lisent ceci avant de se rendre ce soir au Centre Bell (ou en mai prochain), sachez que vous passerez une belle soirée. Mais apportez vos bouchons, car quand ça hurle entre les chansons, c'est insupportable.