Deux ans de lock-out, ça ne se fête pas. Ça se souligne. Malgré tout, et malgré le froid de canard, l'ambiance était festive et chaleureuse hier au Métropolis pour le deuxième spectacle en appui aux employés en lock-out du Journal de Montréal.

La salle était remplie, on pouvait croiser des représentants syndicaux, politiques, et des artistes - dont le célèbre batailleur Claude Robinson. Une soirée animée par les Zapartistes, toujours engagés. Christian Vanasse y est allé évidemment de son imitation de Pierre Karl Péladeau. L'énumération de ses possessions médiatiques donnait le tournis et la pleine mesure de ce à quoi les artistes qui ont accepté de participer à ce spectacle solidaire doivent se mesurer en prenant parti.

Pas de star-académiciens, bien sûr, mais la crème de la crème à l'affiche: Damien Robitaille, qui avait plein d'amour à donner aux lock-outés, Bernard Adamus, Karkwa, Bourbon Gauthier, ainsi que Gilles Vigneault, qui a reçu un accueil à la hauteur de sa légende. Il a confié que son engagement syndical lui a été enseigné par Michel Chartrand lui-même. La ligne «Je vous entends parler de liberté», de la chanson Les gens de mon pays, a été acclamée. Hier soir, à défaut de fêter un sinistre conflit de travail, ce qu'on célébrait, c'était la dignité.

Claudette Carbonneau, présidente de la CSN, et Amir Khadir, de Québec solidaire, ont pris la parole. Le député ne visait pas tant Pierre Karl Péladeau que l'inaction du gouvernement dans le dossier. "Si le conflit s'est éternisé, s'il est devenu cruel, c'est parce que le gouvernement ne fait pas son travail", a-t-il dit.

Un invité-surprise, mais aux convictions bien connues par ses écrits, et parce qu'il a refusé d'apparaître sur la liste des finalistes aux Prix littéraires Archambault: Gil Courtemanche. Malgré la voix éraillée, c'est celui qui a eu les mots les plus durs envers le patron de Quebecor. Tant qu'à être poursuivi, a-t-il dit, il préférait offrir un texte, afin d'éviter d'être mal cité par LCN ou TVA. Homme de mots, il a offert à la salle des synonymes de «voyou». Ce que l'écrivain déplore, c'est le silence de tous, en particulier des artistes, chanteurs, comédiens, etc. qui craignent de se prononcer. «Mais il n'existe pas de liberté sans prise de risque», a lancé Gil Courtemanche, citant Pierre Vadeboncoeur.

Nous avons dû quitter au moment ou les Zapartistes, en l'absence de Loco Locass, se transformaient en Snoreaux Cocasses pour les besoins du rap engagé. Avec cette paradoxale impression d'une belle soirée qu'on ne souhaite pourtant pas revivre l'an prochain...

Photo: Normand Blouin, collaboration spéciale

Le Zapartiste Christian Vanasse y est allé de son imitation de Pierre Karl Péladeau.