C'est finalement vers minuit et demi, avec beaucoup de retard, que Lauryn Hill est apparue sur la scène du Métropolis, hier soir.

De par leur enthousiasme, les spectateurs étaient manifestement avertis du caractère imprévisible de Ms. Hill depuis le début de sa tournée. Quand un DJ est venu réchauffer la foule vers 23 h 15, on n'avait pas l'impression que c'était dimanche soir et que dehors, le mercure ne donnait pas du tout envie de sortir de la maison. La foule était en appétit...

Les musiciens sont arrivés sur scène vers 00 h 20, mais encore là, Ms. Lauryn Hill n'était pas prête. Dix minutes plus tard, elle n'a pas plus suivi ses choristes. On n'y croyait plus... Mais finalement, elle est sortie des coulisses, en chair et en os.

Manque de respect? Angoisse incontrôlable? Impossible de savoir pourquoi la chanteuse tarde autant avant de commencer ses spectacles. Mais si on vous fait languir comme la rappeuse nous a fait le coup, hier soir, c'est pour vous dire qu'il valait la peine de patienter au-delà du coup de minuit...

La réponse: oui, Lauryn Hill était en grande forme hier soir. Son spectacle s'est terminé vers 2 h 30 du matin devant une foule en délire. Devant une foule qui s'attendait au meilleur comme au pire.

Depuis le début de sa tournée, l'ex-chanteuse des Fugees avait été imprévisible, commençant certains spectacles avec des heures de retard et donnant des performances variables.

Mais à Montréal, la chanteuse, accompagnée d'une douzaine de musiciens et choristes, a été la chef d'orchestre d'un grand moment de musique. Dans une ambiance «motownesque», elle a servi un heureux mélange de hip hop, funk, soul, gospel et rock.

Au tout début du spectacle, alors que la foule apprivoisait son humeur, Lauryn Hill a dit qu'elle était malade en toussotant. «J'ai décidé que ça n'allait pas m'arrêter, a-t-elle lancé aux spectateurs. Montreal, long time no see. It's good to see you

La chanteuse a brisé la glace avec une chanson de Bob Marley, Forever Loving Jah. Puis après avoir dit à la foule qu'elle lui servirait des «classiques», Lauryn Hill a poursuivi avec Lost Ones et When It Hurts so Bad.

La foule a ensuite gardé son souffle quand la chanteuse est allée se réfugier dans les coulisses, mais elle est revenue en force avec Ex-Factor. C'est là que le spectacle a décollé, que la foule s'est mise à danser.

Les fins de chansons s'éternisaient quelque peu en début de spectacle, mais Lauryn Hill était inspirée et très en voix (hormis quelques faiblesses), alors que ses musiciens s'en donnaient à coeur joie.

Avec sa veste de fourrure, sa chemise et son pantalon des années soixante-dix, Lauryn Hill avait l'air d'une «mamma». Mais elle a beau faire presque partie des vieux de la vieille, la chanteuse n'a que 35 ans.

Lauryn Hill a décidé de partir en tournée même s'il y a longtemps qu'elle n'a pas sorti de nouveau matériel. Elle peut toujours miser fort sur les succès de son album presque mythique sorti en 1998, The Miseducation of Lauryn Hill (qui lui avait valu cinq trophées Grammy), de même que sur le répertoire des Fugees.

Après une première partie du spectacle plus «jam», Lauryn Hill a enchaîné coup sur coup Fu-gee-la, Ready or Not et Killing me softly. C'était jubilatoire dans le Métropolis. Il était plus de deux heures du matin et le spectacle était à son paroxysme. Au rappel, Lauryn Hill a interprété sa reprise de Turn Your Lights Down Low de Bob Marley, puis elle a fini en beauté avec Doo Wop (That Thing).

Dans le parterre, le courant était très fort entre elle et le public. «I will be coming back to you», a-t-elle dit aux spectateurs, visiblement émue.

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En tapant du pied et en soupirant avant que le spectacle commence, hier soir, nous nous demandions pourquoi Lauryn Hill avait décidé de remonter sur scène, alors que cela semble si éprouvant...

Bien c'est sans doute pour des soirées comme hier, où il n'y a qu'elle, ses musiciens, le public, et rien d'autre au monde.