«Danse, danse avec moi, jusqu'à épuisement», chante Daniel Bélanger dans L'équivalence des contraires, l'une des chansons les plus funky de son dernier album, Nous. Compte tenu de la teneur en groove de ce disque plein de cuivres et de la basse remuante de Jean-François Lemieux, on a tout de suite cru que le spectacle qu'il allait en tirer serait taillé sur mesure pour faire rouler des hanches comme si on se trouvait dans une discothèque un peu rétro.

Ce ne fut pas si simple. Ni toujours très dansant. Le chanteur, accompagné de deux choristes et de cinq musiciens, a commencé avec les deux morceaux qui ouvrent son plus récent disque: Reste et Facile. Des chansons relativement douces, comparativement à bien d'autres sur Nous. On sentait déjà que Daniel Bélanger était bien en voix - ne l'est-il pas toujours? - et bien entouré.

Plutôt que d'appuyer sur l'accélérateur, d'augmenter l'offre en tonus et en rythmes qui donnent le goût de se dégourdir les jambes, sinon remuer les fesses, il a bifurqué et offert une chanson planante, Les temps fous. L'interprétation était on ne peut plus réussie, mais a stoppé le mouvement qui se dessinait.

Ce genre de coupures abruptes ne furent pas l'exception, mais plutôt la norme durant toute la première heure du spectacle. Ainsi, après une version de Sortez-moi de moi dont la très caractéristique mélodie de guitare avait été découpée et offerte d'une manière agréablement syncopée, Daniel Bélanger a offert une version dépouillée d'Imparfait et puis Tu tombes, de fort belles chansons qui n'ont rien de brûlots.

Après environ une heure de cette valse-hésitation, et une version de Céleste en rupture avec le ton général du spectacle, le chanteur et son groupe ont mis la gomme et enfilé plusieurs titres forts en groove (Qui ne suis-je?, Le toit du monde et Impossible, notamment) pour ensuite livrer une goûteuse version funky de Je fais de moi un homme. Pétaradant, étincelant et, oui, franchement dansant!

Daniel Bélanger n'en était qu'au troisième spectacle de la courte tournée Nous (un autre est présenté au Métropolis ce soir). Prises séparément, la vaste majorité de la vingtaine de chansons au programme sont déjà interprétées d'une manière presque impeccable. La foule l'a d'ailleurs remarqué et a bruyamment manifesté son plaisir tout au long de la soirée.

Groover ou planer?

Mais le chanteur ne semble pas pour autant avoir résolu l'équation qui se pose à lui: groover ou planer? Hier, il hésitait encore. Impression sans doute accentuée par la présence dans le spectacle de plusieurs chansons de Rêver mieux, un album dont la facture ne pourrait être plus éloignée de Nous.

Daniel Bélanger est entouré d'un groupe exemplaire (au sein duquel on s'en voudrait de ne pas souligner la contribution du claviériste Martin Lizotte), visiblement capable de le suivre partout au plan musical. Son spectacle est de plus appuyé par une superbe conception visuelle colorée. Il lui suffit simplement de revoir l'itinéraire pour avoir en main un spectacle capable de transporter vraiment.

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En reprise ce soir, 20 h, au Métropolis.