La chanteuse r&b/pop Mariah Carey visitait jeudi soir Montréal pour la deuxième fois seulement de sa carrière faite de très hauts et de très bas. Devenue dans les années 1990 l'une des artistes féminines les plus populaires de la planète, plongée dans une dépression au milieu des années 2000, elle effectue présentement un prudent, et vraisemblablement fructueux, retour. Ses fans montréalais - ils étaient 7000 au Centre Bell - lui donnent son appui.

Elle n'a pas encore 40 ans, mais appartient déjà à une autre époque: celle où on vendait des disques. Beaucoup de disques. En plus de deux décennies, Mariah Carey a vendu plus de 175 millions d'exemplaires de ses 13 albums studio, un véritable phénomène qui l'a propulsée au sommet, chanteuse à voix parmi les chanteuses à voix, sur le même piédestal que notre Céline Dion.Et aujourd'hui? Après le bide de Glitter (le film et la trame musicale, 2001), un passage à vide. C'est dans le hip hop et le r&b plus «street» qu'elle se réinvente, et ça lui va assez bien - Memoirs of an Imperfect Angel, lancé l'automne dernier, a joui d'un accueil assez chaleureux. C'est cet album qu'elle est venue promouvoir hier soir, ainsi que la version remix, attendue en mars et intitulée Angels Advocate (aussi le nom de la tournée).

La soirée augurait assez mal, pour tout dire. Une mièvre première partie - trois types venus rapper des niaiseries devant le rideau -, suivie d'une très longue attente. La diva a fait poireauter ses fans pendant 75 minutes (autant que la durée de son concert!) avant de daigner se pointer sur scène! Les fans ont bruyamment manifesté leur impatience.

Carey a enfin mis pied sur scène passé 21 h 30. Assise sur une balançoire, on l'a descendue du plafond pour qu'elle prenne place au centre de cette scène décorée comme une maison de poupée Barbie. Après quelques nécessaires vocalises, elle s'est lancée dans l'accrocheuse Shake it Off, titre r&b chaloupé qui a ravi les fans. La chanteuse a enchaîné avec rythme, Touch My Body puis Fly Like a Bird, sous les applaudissements des fans.

Et tout d'un coup, l'ambiance a complètement changé. La voix ayant pris sa forme (sa fort belle forme, nous y reviendrons), la chanteuse new-yorkaise s'est adressée à la foule, s'excusant sincèrement pour son retard. «Hier soir, j'ai dû enregistrer un clip pour la chanson de Simon Cowell pour amasser des fonds pour Haïti. Je me suis couchée aux petites heures de la nuit, et j'ai eu du mal à sortir du lit aujourd'hui...»

Il y avait une telle candeur, une telle générosité dans cette façon, toute naturelle, de converser avec ses fans, qu'on lui a tout pardonné: le retard, le manque d'énergie, même le côté franchement kitsch de toute l'entreprise, ses robes à paillettes trop serrées, les arrangements fertilisés aux synthés, le décor moche. Nous étions là pour voir si elle était encore cohérente et pertinente, si elle savait encore chanter comme elle l'a si bien fait, si elle était pour nous offrir une vraie performance bardée de hits. Nous sommes plutôt restés parce que la diva est vraiment sympa et chaleureuse.

Et la voix? Elle y est, heureusement. Mariah Carey n'est pas une bête de scène, même qu'elle bouge assez mal, heureusement que ses danseurs et danseurs occupent mieux la scène. Sauf que lorsqu'elle ouvre la bouche, c'est pour nous rappeler pourquoi elle est devenue la grande star de la pop qu'elle a déjà été. La voix chaude, juste, pas tonitruante, encore habile dans sa fameuse voix de sifflet.

De la quinzaine de chansons, une inédite et une version «remixée» à paraître sur Angels Advocate, une solide reprise de Diana Ross (Love Hangover), et ses propres tubes, Angels Cry, Always Be my Baby, Honey, la plus récent Obsessed, We Belong Together et une sirupeuse version de Hero au rappel.

Divertissant. Loin d'être une grande performance, mais tous garderont au moins le souvenir d'une agréable soirée.