Quelque jours après son passage remarqué sur le plateau de l'émission Tout le monde en parle, le jeune Franco-Libano-Britannique Mika a enjoué le public de la salle Wilfrid-Pelletier à la Place des Arts à l'occasion de son troisième concert en sol montréalais.

Il y avait beaucoup d'énergie dans cette salle avant même les premières notes. Un coup d'oeil sur la foule nous a permis de confirmer que le musicien plaît énormément aux enfants et aux ados, alors que le public était pour moitié composé d'adultes. Et d'un lauréat du Booker Prize: Yann Martel, à qui Mika a fait une fleur sur le plateau de Tout le monde en parle, s'est laissé lui aussi prendre au piège de ses contagieux refrains pop.

Ainsi, l 'auteur-compositeur-interprète installé à Londres a présenté son deuxième album, The Boy Who Knew too Much, à un auditoire qui n'a toujours pas déchanté depuis sa dernière visite au Centre Bell, en janvier 2008. Une visite marquante pour le musicien, ainsi qu'il l'a rappelé aux fans: «C'était la première fois que je faisais une si grande salle... Et on m'avait dit que je jouerais dans un théâtre!»

Le concert d'hier soir était de loin meilleur que celui qu'il nous avait alors offert. Question d'espace, doit-on d'abord conclure: au Centre Bell, on sentait Mika un peu trop soucieux d'occuper toute la grande scène, à courir de long en large jusqu'à essouffler son auditoire.

La scène à dimensions humaines de la salle Wilfrid-Pelletier allait comme un gant à ce performeur naturel, qui compte d'abord sur son formidable charisme pour conquérir les foules.

En plus de son charisme, il faut aussi parler de son audace. Car il en faut pour tirer deux de ses meilleures cartouches les bombes Relax, Take it Easy et Big Girls (You Are Beautiful) dès le lever du rideau. Plutôt que d'opter pour une montée d'énergie en crescendo, Mika a tout donné dès les premières minutes et pédalé pour maintenir le régime. Il a réussi, et avec le sourire par-dessus le marché. Bravo.

Reste que Mika, formidable copiste du grand livre de la pop, avec ses refrains qui rappellent toujours ceux de quelqu'un (Supertramp? Bryan Adams?) ne donne pas l'impression d'être allé bien plus loin que là où il s'était déjà rendu avec Life in Cartoon Motion, son premier disque.

S'il a décrit le plus récent comme une oeuvre d'adolescence, il a plutôt invité ses fans à retomber en enfance, comme le fait le disque qui l'a mis au monde. Avec la petite mise en scène en introduction, par exemple: un canapé, un téléviseur où on passe un vieux Tom & Jerry, les mêmes femmes enrobées pour danser pendant Big Girls et quelques autres effets scénographiques tout simples, mais du plus bel effet.

Mika, à échelle humaine, entouré de ses quatre (très bons) musiciens et de sa choriste. Parfaites conditions. Le public, qui bat la mesure et chante le refrain avec la jeune star, trépigne sur le bout de son siège pendant tout le concert. Lequel, notons-le, mériterait plus de nuances musicales, de moments touchants comme cette rare et précieuse I See You, du plus récent album.

Si Mika ne se ménage pas sur scène, on doit reconnaître que tant d'énergie finit nécessai rement par épuiser le musicien; le concert, une enfilade de succès, n'a toutefois duré que 1 h 10. Chiche? Franchement, à moins de vouloir risquer un diabète musical, 70 minutes de refrains pop ultra-sucrés, c'est bien assez. Mika, comme à la cabane à sucre, tiens: pas plus d'une fois par année, pour ne pas s'écoeurer.